ESSAI – La BMW Série 2 Active Tourer résiste, prouve qu’elle existe et se renouvelle

Le monospace n’est plus un genre à la mode. Arrivé (très) tard avec la Série 2 Active Tourer dans un segment en perdition, BMW estime qu’avec 400 000 exemplaires écoulés, le jeu en vaut cependant la chandelle. L’aventure continue donc.

Le paradoxe BMW résumé en une voiture. Avec le Série 2 Active Tourer, le ténor de la sportivité chic et de la technologie de pointe se lançait très tard (en 2014, près de vingt ans après le Scenic, et neuf après le Mercedes Classe B !) sur un segment subissant la désaffection de la clientèle après une période dorée, celui du monospace des familles. Plus plan-plan et à contre-courant du marché, tu meurs ? Pas vraiment, selon BMW.

Avec 400 000 exemplaires écoulés en huit ans et la désertion de la concurrence, les généralistes en premier lieu, BMW a estimé que l’aventure pouvait continuer, avec quelques aménagements : passage obligé à la traction avant, comme la Série 1, et abandon de la version (relativement) longue. Voilà donc le nouveau Série 2 Active Tourer qui doit trouver sa place entre la Série 1 et ses variantes plus fun du côté des berlines, et le nouveau X1, qui concourt pour le titre de roi des SUV compacts premium.

La deuxième génération de l’Active Tourer profite de la révolution stylistique de BMW avec une calandre géante, un capot paraissant moins plongeant, des flancs épurés. Ce n’est toujours pas l’idée qu’on se fait d’une BMW, surtout si comme moi, vous pensez que l’icône absolue d’élégance sportive, c’est la Série 7 E32 lancée en 1986 (n’insistez pas, je suis fermé au débat, c’est ma préférée).

De prime abord, cette calandre est effrayante, disgracieuse, piochez ce que vous voulez dans le dictionnaire des synonymes. Mais on finit par s’habituer à ce truc pas comme les autres, repérable de loin. Si la calandre n’est pas fâchée avec le cantine, comme on dit, c’est l’effet inverse sur les optiques, qui s’affinent et cette fois-ci, l’abandon des « gros yeux » de l’ex-Série 2 ne me file pas le bourdon.

Dernier détail en se baladant autour de l’auto : adieu les bonnes grosses poignées de portières, qui, visuellement, ont contribué à l’effet « qualité » sur les autos allemandes. Bien solides, bien proéminentes, elles laissent aujourd’hui la place à des poignées affleurantes, comprenant le système totalement ou partiellement mains libres. Ca se soulève comme sur une Peugeot 306 et une Citroën BX. Peu de chances qu’un designer ait pris ça en référence pour proposer cette idée, mais on est à peu près certains que ça favorise l’écoulement de l’air sur la carrosserie lisse.

Dans l’habitacle, la transformation est encore plus radicale et un peu moins sujette à réflexion : la Série 2 Active Tourer reprend le principe de la dalle d’écran horizontale inauguré par l’iX. Une dalle incurvée rappelant qu’il fut un temps où le tableau de bord orienté vers le conducteur était une marque de fabrique appréciée chez BMW.

Dans l’Active Tourer, la dalle en une seule pièce totalise 10,25’’ d’instrumentation et 10,7’’ pour le contrôle configurable à volonté. C’est grand, mais pas envahissant comme les écrans disposés en hauteur. La priorité donnée au tactile et aux commandes vocales demande un temps d’adaptation.

Le style épuré prend le pas sur l’ergonomie, même si quelques raccourcis sont renvoyés sur l’accoudoir central. Cette très belle pièce paraît « flottante ». Pleine de rangements, elle contribue aussi à trouver rapidement une bonne position de conduite. On y trouve le petit sélecteur de vitesses électrique, qui remplace avantageusement l’ancien grand levier. Voilà qui contribue à l’ambiance moderne et épurée à bord. La platine regroupe la commande de frein de parking automatique (avec fonction Auto Hold), trois commandes du système audio (dont le volume avec la petite roulette), les feux de détresse, l’accès aux différents modes de conduite, et un raccourci vers les réglages d’aides à la conduite. Ce dernier est indispensable dans la mesure où, par exemple, l’alerte de franchissement de ligne est automatiquement activée au démarrage du moteur.

Autant jouer le jeu en version 218d

Bon point, BMW n’oblige plus à choisir une finition onéreuse ou à piocher dans le catalogue des options pour s’offrir ce système et cet accoudoir : il est en série sur tous les modèles. Autrefois, BMW avait la fâcheuse tendance à laisser dans le catalogue des options ou sur des finitions trop haut de gamme certaines fonctionnalités dignes du standing de la marque. Cette fois, tous les clients du Série 2 Active Tourer sont logés à la même enseigne et ont droit à un ensemble fluide et réactif. Du beau travail.

Le gros point de crispation avec le tout-tactile, c’est à dire les réglages de climatisation par écran interposé, est en partie pris en compte par BMW. Seuls les réglages de températures sont affichés en permanence en bas de l’écran central. Pour choisir les flux et la puissance de ventilation il faut piocher dans l’interface de l’écran. Toujours pas idéal, même pour le passager, qui a droit devant lui à un rail de buses. S’il ne se bat pas avec les commandes de clim, ledit passager pourra toujours remarquer les motifs originaux sur les haut-parleurs, qui rappellent des plaques métalliques, ou la poignée de tirage, de toute beauté.

Avant de prendre la route, petit rappel : trois moteurs thermiques (deux essence, un Diesel) et deux hybrides rechargeables (258 et 326 ch) sont au programme. Seule moulin à gazole est un vénérable quatre cylindres. Tous les autres sont des « trois-pattes », y compris celui qui, sous la dénomination 220i, est en réalité le 1.5 poussé à 170 ch. Dans la famille des 100% thermiques, seul celui-là bénéficie d’une électrification légère destinée à la soutenir dans l’effort et dans sa lutte contre le penchant pour la boisson.

Quitte à paraître old school en monospace, autant jouer le jeu à fond avec la version 218d, à la fois performant (150 ch), coupleux, discret et idéal sur autoroute à 130 km/h où le régime moteur n’excède pas 2 000 tr/min. Idéal aussi pour contenir une consommation moyenne, vérifiée à 5 litres aux 100 km. Vu les 1 600 kg et le profil de l’engin, c’est extra. Si l’autonomie figure parmi vos préoccupations, n’hésitez pas à taxer 55€ dans la tirelire des enfants pour vous offrir le réservoir de plus grand capacité : 45 litres d’origine, c’est un peu juste pour esquiver l’escroquerie des tarifs du gazole sur l’autoroute. L’option vous gratifiera d’environ neuf litres supplémentaires.

Si on en vient à passer du temps sur la contenance du réservoir, c’est qu’on n’ a rien d’autre à dire ? Pas vraiment. Oui, conduire une BMW Série 2 Active Tourer ne déclenche pas la passion, mais l’auto ne tombe pas dans les travers du monospace mou. La voiture ne s’effondre pas sur ses appuis, elle permet des relances largement suffisantes avec un couple intéressant et la boîte à double embrayage à sept rapports discrète. C’est rationnel, avec un petit supplément d’âme esthétique dans cette finition M Sport équipée de sièges spécifiques et d’une déco extérieure en noir laqué, qui en fait un peu trop au niveau du bouclier arrière.

Dans cette configuration, la BMW Série 2 Active Tourer rappelle que le monospace diesel a encore de beaux restes et qu’il est trop vite enterré. On finira par regretter un jour le rapport performance/consommation toujours très pertinent avec ce genre de volume à déplacer. Et ici, les qualités routières sont préservées malgré une hauteur sous pavillon dont on redécouvrira sans doute les charmes un jour, lassés par des SUV qui tentent de compenser leur hauteur de caisse en réduisant la garde au toit.

En ville, l’agrément du 218d est moins probant avec les interventions du Stop & Start qui se traduisent par des remises en action du moteur un peu trop vibrantes et lentes. On s’habitue au frein moteur quasi inexistant (étonnant sur un diesel), à la course de pédale de frein trop longue, mais absolument pas au confort nettement trop ferme provoqué par les jantes de 19’’ (en option).

C’est l’enfer sur à peu près tous les reliefs, d’où la bonne idée de BMW France d’avoir éjecté la suspension Direct Drive de la configuration. A titre personnel, j’aurais troqué pour le même tarif la belle signature BMW Individual sur ces grosses jantes contre l’ensemble audio Harman Kardon.

À bord, le service est correct, compte tenu des dimensions contenues de l’auto (4,38 mètres de long seulement). À bord, le service est correct, compte tenu des dimensions contenues de l’auto (4,38 mètres de long seulement). Ce n’est pas parce que l’Active Tourer est compact que c’est une raison pour se passer du système d’aide au stationnement par caméras.

L’ensemble est bluffant dans sa restitution sur l’écran, avec les désormais classiques versions « birdview », mais aussi certaines vues de trois quarts arrière, par exemple, qui replacent la voiture dans son environnement. Chic du chic, on retrouve sur écran les clignotants, les feux stop, les feux de recul en action en temps réel…

Nous avions déjà eu un aperçu de ce que pouvait être la restitution de « notre » voiture sur l’écran en scrutant les données de consommation, par exemple. Quand ce chapitre reste actif à l’écran, la voiture est modélisée de trois quarts avant : allumez les feux, ça se verra à l’écran, allumez les clignotants, la BMW Série 2 clignotera. Arrêtez-vous, les roues seront fixes et au redémarrage, elles rouleront… Pour revenir à l’aide au stationnement par caméras, seul petit bémol, auquel on s’habitue : en manoeuvre, la caméra avant change d’angle quand la voiture franchit une certaine distance avec l’obstacle, elle passe de « birdview » à la vue de face. Le temps de cette « bifurcation », mieux vaut freiner pour assimiler le nouvel angle de vue.

Cette débauche de technologie a un effet pervers : elle ringardise l’affichage tête haute qui reste fidèle à une lame translucide rétractable. Déjà daté, pour les technophiles !

Reste enfin cet habitacle, censé être une pièce maîtresse justifiant un tel achat. Vous vouliez les tablettes au dos des sièges avant comme dans un Scenic ? Perdu. Des trappes de rangement dans le plancher ? Non plus. On aura des filets, et une console de ventilation assez proéminente sur un tunnel central. La hauteur sous plafond est conforme à l’idée que l’on se fait d’un monospace (BMW dit crossover, mais bon…) et il faut bien avouer que c’est une sensation oubliée et assez agréable que de bénéficier de surfaces vitrées globalement généreuses. Le coffre de 470 litres offre un double plancher. Ce n’est pas gigantesque, mais rappelons que l’auto ne mesure que 4,38 m de longueur.

La modularité la plus élémentaire et utile au quotidien reste tout à fait classique : la banquette est rabattable en trois parties (40/20/40, ce qui désigne sans chercher trop longtemps celui des trois passagers arrière qui sera puni). Le petit plus, c’est la fonction Cargo, qui permet d’incliner ou redresser les dossiers dans deux autres positions que celle initiale. C’est malin pour gagner quelques précieux centimètres en longueur.

En revanche, cette fameuse banquette fait l’impasse sur une fonction essentielle. Elle coulisse ? Oui, sur treize centimètres, à condition d’avoir choisi l’option à 360€. Mesquin ? BMW ne peut pas bouleverser toutes ses habitudes, bonnes ou mauvaises, en un claquement de doigts !

BMW 218d Active Tourer M Sport

Prix : 41 000 €.

Gamme de 34650 à 52450€.

Longueur : 4,38 mètres

Largeur : 1,82 mètre.

Hauteur : 1,57 mètre.

Poids : 1620 kg.

Coffre : 470 litres.

Réservoir : 45 litres.

Moteur :

Quatre cylindres en ligne 1995cm3 turbo diesel.

Puissance : 150 ch entre 3750 et 4000 tr/min.

Couple : 360 Nm entre 1500 et 2500 tr/min.

Vitesse maximum : 220 km/h.

De 0 à 100 km/h en 8’’8.

Consommation homologuée : 4,8 / 5,1 litres aux 100km.

Émissions de CO2 : 132 g/km. Malus écologique : 150€.

Principaux équipements :

  • BMW Live Cockpit Navigation Plus avec écran Curved Display
  • Park Assist avec caméra de recul
  • Jantes 18’’
  • Alerte anticollision et de changement de file
  • Pack aérodynamique M
  • Sièges avant sport
  • Banquette arrière rabattable et fonction Cargo
  • Projecteurs LED…

Oh oui !

  • La consommation contenue
  • Le moteur discret et performant
  • Le système multimédia de série
  • L’ambiance intérieure épurée.

Oh non !

  • Le confort avec les jantes 19’’ (en option)
  • La banquette coulissante en option
  • Le frein moteur quasi inexistant.
  • La course de pédale de frein très longue

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