Rien de tel qu’une BX qui crame pour fabriquer un sacré souvenir d’enfance…

Le 23 septembre, la Citroën BX soufflait ses quarante ansbougies. Bon anniversaire ! Sur les réseaux sociaux, Citroën a fêté l’événement ce jour-là à sa manière en titillant ses followers avec une vidéo énigmatique. Et si la BX renaissait « de ses cendres » ? Ben tiens ! A ce propos, il faut que je vous raconte un souvenir d’enfance…

Le 23 septembre 1982, Citroën présentait la BX, qui doit remplacer la GSA après avoir cohabité un temps… Une auto moderne pour l’époque, équipée de la suspension hydropneumatique, légère, et qui doit redonner un coup de fouet commercial à la marque. Une voiture cruciale, qui connut un joli succès, bien qu’ayant subsisté un peu trop longtemps (douze ans !), donc démodée. Elle a aussi été ringardisée avec une image de « voiture de vieux » pas très qualitative. Sans compter sur un entretien pas toujours soigneux, s’agissant d’une besogneuse pas toujours considérée. Et quand il y a de l’hydraulique dans les tuyaux, ça précipite parfois les expéditions à la casse pour ne pas engager trop de frais quand la voiture vieillit…

Aujourd’hui un peu plus à l’aise avec son passé, Citroën n’a pas hésité à remettre à l’honneur sa BX, en ce jour anniversaire. S’agissant d’automobile, les malaimées connaissent parfois un une deuxième vie. La BX est devenue une icône kitsch des années 1980, qui commence à être recherchée en collection. Ses nombreuses qualités sont redécouvertes. Appréciée, dénigrée puis adulée, la BX ? C’est un peu ce qu’a connu la R5, qui a vécu un sacré passage à vide avec son statut de vieille voiture d’occasion sans intérêt avant un net regain d’intérêt dans le monde des youngtimers.

Bref, ce 23 septembre 2022, Citroën balance sur Twitter une vidéo sous laquelle un ami numérique, le talentueux et sympathique Novichok de Hoonited, avec qui j’ai visité récemment le conservatoire Citroën, me mentionne. La vidéo dit ceci : « Quarante ans plus tard, une icône, une légende, un emblème, renaît de ses cendres. BX résurrection. » OK. « Dites-nous comment vous voyez la nouvelle BX pour tenter de gagner une invitation pour 2 personnes au Conservatoire de L’aventure Citroën et prendre le volant de notre BX » , indique Citroën dans un autre tweet. Bizarrement, une « nouvelle BX », je n’y crois pas. Un restomod, pas trop non plus.

L’histoire de la « légende » qui « renaît de ses cendres » m’a bien fait marrer, j’avoue. Car elle renvoie à un véritable souvenir d’auto, que je n’ai pas la prétention de savoir raconter avec autant de talent que le Commandant Chatel, sur Petites Observations Automobiles. Mais le lien entre le souvenir et la vidéo de Citroën est vite fait.

Pour cela, remontons à l’année 1987. Dans la famille, on roule en Citroën depuis toujours. Mes parents ont eu une 2CV, une Ami 6, une GS, une GSA puis une BX de 1985 achetée d’occasion. Cette dernière, mon père ne s’y est jamais habitué. Il ne la sentait pas, c’est l’expression dont je me souviens. Le projet, à l’époque, est de la remplacer par une autre BX. Ca tombe bien, l’auto a été restylée.

Et du haut de mes dix ans, je suis associé au choix de la nouvelle BX. Quand on me demande quel modèle ferait l’affaire, je milite (bizarrement) pour une GTI rouge. Je n’y connais pas grand chose, mon expertise tient au feuilletage de la brochure, que j’ai conservée. J’adore sa couleur, ses antibrouillards à l’avant, le becquet proéminent et surtout les enjoliveurs de roues. Je comprends bien vite que mon lobby pro BX GTI est vite balayé, et on me renvoie à des prétentions plus raisonnables.

Je pointe donc du doigt, sur le catalogue, la BX 16 RS. Je n’ai même pas regardé l’équipement (heureusement, il est indigent), la motorisation (c’est le 1580 cm3 de 94 ch)… Mon seul critère d’adhésion, c’est la photo, dans la brochure, de la BX 16 RS gris clair métallisé, de trois quarts arrière.

Je ne saurai jamais si j’ai réellement influencé le choix de mes parents, mais ils commandent effectivement une BX 16 RS blanche (j’avais « demandé » la peinture métallisée grise, mais faut pas déconner…) Avec quatre bavettes et le rétroviseur droit en accessoires Citroën. Le prix catalogue : 82 000 francs.

J’ai attendu longtemps, de retour de l’école, dans la chambre de mes parents, scrutant ce qui se passait dans la rue, pour voir arriver la nouvelle BX à la maison, le jour de la livraison. Ce devait être un vendredi. Je l’attendais, « ma » BX 16 RS, que j’avais choisie ! Et je l’ai auscultée ! Je me souviens très précisément de son odeur, et du graphisme de la plaque d’immatriculation provisoire sur autocollant. Elle portait le numéro 2093 WWH 59.

Cette beauté du diable nous jouera un sale tour quelques années plus tard, et j’en viens à celle qui pourrait renaître de ses cendres. Nous sommes en 1990 et circulons sur l’autoroute A1. Personne ne prête attention aux autostoppeurs qui nous font de grands signes juste avant la sortie « Faches-Thumesnil » . Au stop, les flammes et la fumée apparaissent devant le pare-brise (pas teinté, oh, c’est une 16 RS…). Médusés, on réalise à peine que le moteur de la BX est en train de cramer. On dégage. Je vois encore la BX agoniser, le capot qui se boursoufle, la fumée qui passe par les interstices entre l’aile et le clignotant. Le carrosse que j’ai choisi est en train de cramer.

Devinez qui sauve l’auto ? C’est à peine croyable. La sortie d’autoroute débouche sur un carrefour où se trouve la succursale Renault de Lille-Faches. Et ce dimanche-là, coup de bol monstrueux, c’est opération portes ouvertes. Un vendeur de voitures d’occasion de la succursale a vu depuis son préfabriqué la BX qui cramait, et il a déboulé avec un collègue, et des extincteurs. Des vendeurs Renault ont sauvé la BX.

Le reste, c’est une histoire d’adultes. Le moteur a été changé, mais financièrement, l’affaire a semblé mal embarquée avec ces cochons de Citroën qui ont appliqué une « vétusté » ou un truc dans ce goût là. A 13 ans, ça m’est passé au-dessus de la tête. Mais je me souviens qu’Auto Plus avait réalisé un peu plus tôt un sujet sur les BX qui cramaient. Et quand on a récupéré la voiture réparée, l’habitacle baladait toujours cette drôle d’odeur de brûlé. Niveau confiance en l’auto, c’était assez moyen…

La BX que j’avais choisie nous avait trahi, mais elle était revenue à la maison. Peu de temps après, elle a commencer à picoler de l’huile plus que de raison… Ce sera la dernière Citroën à la maison.

Si la BX renaissait de ses cendres, j’aurais surtout bien aimé que celle que j’avais choisie ne projette pas de me transformer un jour en tas de poussière au bord de l’autoroute A1…

Ce qui a fait ressurgir ce souvenir était en réalité une « blague », comme l’a indiqué Citroën sur les réseaux sociaux, avec le visuel ci-dessous. De nouvelle BX, il n’y en aura probablement pas. J’aurais eu l’air con en m’enflammant pour ce qui n’était finalement qu’un canular…

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s