La Peugeot 206 CC, née en 2000, est un collector en devenir. L’histoire de sa création est singulière, née chez Heuliez, dans les Deux-Sèvres. En 1996, une équipe du carrossier fait le déplacement au Salon de Genève Genève, où est présentée la Mercedes SLK. Dans le même temps, elle travaille sur un projet secret : une version sportive de celle qui deviendra la Peugeot 206. Sachant que quatre ans plus tôt, Heuliez avait travaillé sur un projet de petit Spider à toit rétractable. Tous les ingrédients étaient sur la table…
En 1992, Heuliez travaille à la demande de Peugeot sur un projet de petit Spider à toit rétractable. Il ne verra pas le jour. Contrairement à la SLK, chez Mercedes, visible au Salon de Genève 1996, qui tape dans l’oeil d’une équipe d’Heuliez présente en Suisse. Au retour du Palexpo, Jean-Marc Guillez, repense alors au projet S16, mort-né quelques années plus tôt.
Pendant ce temps, dans les Deux-Sèvres, son équipe est occupée sur un autre projet relativement classique : la version « Sport » de celle qui ne se nomme pas encore la Peugeot 206, en cours de conception chez Peugeot. « On était consulté pour la version Sport de la 206 qui n’était pas sortie. On travaille cinq ans en amont avant la sortie d’un véhicule. On avait toutes les définitions numériques de la 206, du véhicule de base, donc pour nous c’était extraordinaire. On avait absolument tout. On recevait les stylistes de chez Peugeot, on travaillait en collaboration pour la version sport. C’est Peugeot qui faisait le style, et nous on faisait les maquettes. «
Jean-Marc Guillez fait vite la connexion entre le projet qu’il a sous ses yeux, la Mercedes SLK et le projet S16, parallèlement aux travaux de consultation commandés par Peugeot. « Je me dis : Tiens, ce serait peut-être intéressant de faire le petit cabriolet, mais pour tout le monde. Pas le petit cabriolet haut de gamme qu’on a vu à Genève. Mais le petit cabriolet populaire, et en plus avec un toit dur, repensant à la S16. On s’est dit : Mercedes fait ça, mais nous on l’a bien fait avant. On est capables de faire ce petit cabriolet en partant de l’idée de la S16 au départ. C’était complètement différent. Donc j’ai fait des propositions. On a commencé par faire des dessins de style, chez nous. J’en faisais, le designers sous mes ordres aussi. On a fait des propositions techniques, parce qu’on avait toute la définition numérique. Je faisais ça le soir en catimini, sur un ordinateur. C’est un véhicule qu’on a fait à deux ou trois, le soir. J’avais fait cette proposition de toit sur l’ordinateur. On faisait des petites animations et on a présenté ça. On a fait une maquette. »
Le boulot « imprévu » d’Heuliez sur la 206, les esquisses et les maquettes, ne restent pas cantonnés dans les murs de France Design. « Avec ce dessin là, on est allés voir Peugeot, on a présenté les dessins techniques, une implantation technique, on a fait quelques animations. On avait plusieurs dessins dont celui-ci. Gérard Welter a tilté sur ça. Puis ça en est resté là. Lui, il a consulté ses patrons… puis non. C’est quelque chose qui n’était pas connu dans la gamme. C’était le genre de véhicule pas prévu du tout. Et ça venait de chez nous en plus. J’avais un patron vraiment à fond là-dessus, et je l’avais convaincu. »
Jean-Marc Guillez et Gérard Quéveau, le patron d’Heuliez en question, sont persuadés de tenir un bon projet, et vont insister lourdement auprès de leurs relations chez Peugeot tout en peaufinant leur dossier. « On avait fait des petites maquettes. Je restais le soir, je m’investissais vraiment, personnellement. Le soir, avec un électricien, on avait fait une maquette à l’échelle 1 du toit qui s’ouvrait sur une planche qui faisait 2 mètres par 1,50 mètre. On appuyait sur un bouton, ça s’ouvrait. On avait reproduit l’idée avec des petites maquettes en plexi de différentes couleur et ça fonctionnait. On avait montré ça à Gérard Welter, qui était venu nous voir avec les dessins. »



Le chef du style Peugeot est emballé, selon Jean-Marc Guillez. Mais pas la direction, semble-t-il. « Alors notre patron, qui était très tenace, a dit « on va aller les voir, on va leur envoyer la maquette, et on va leur mettre dans la grande salle de présentation là-bas. On leur a envoyé, ils l’ont mise dans la grande salle. C’était une maquette du module, en deux dimensions. Tous les directeurs qui passaient appuyaient sur le bouton, puis ça marchait. C’était extraordinaire. Ca les a intéressés. Tout le monde l’a vu. On a fait le forcing. C’est eux qui appuyaient sur le bouton, c’était comme un jouet. Ca marchait. On sentait que ça commençait à prendre. Il y a quelques directeurs qui commençaient à être intéressés. On a eu des contacts, quelques réunions, mais c’était pas encore ça. Ils étaient encore un peu sceptiques. Il fallait aller plus loin. On s’est dit, tant pis, on va mettre un peu d’argent, et on va faire une vraie maquette à l’échelle 1 sur la base de la voiture. On a fait une maquette. »
A suivre : le concept-car achevé le soir du réveillon (3/4)




