La Toyota Yaris a été la voiture la plus produite en France en 2021. Constat cruel et belle petite claque derrière la tête pour les marques bleu-blanc-rouge qui ne croient plus à la fabrication française pour des citadines. Mais ça devrait changer (un peu).
Selon le cabinet Inovev, Toyota a produit 156 464 Yaris à l’usine d’Onnaing en 2021, ce qui en fait le modèle le plus « made in France ». Cette usine nordiste a vingt ans, et a sorti plus de quatre millions d’exemplaires de sa citadine fétiche depuis sa mise en service. Le podium complété par une autre citadine vraiment française ? Pas du tout. Le numéro 2, c’est le Peugeot 3008 avec 147 547 unités produites à Sochaux. Bon troisième, le Renault Kangoo (particulier et utilitaire) avec 90 241 unités fabriquées dans une autre usine nordiste, celle de Maubeuge. La place du con, la quatrième, revient à l’Opel Mokka (82 277) et la cinquième à la Renault Zoé (73 738 exemplaires) en fin de carrière et qui vient de l’usine de Flins, dans les Yvelines.
Dans les grandes lignes, Stellantis reste le premier fabricant en France avec 630 126 véhicules, devant Renault (384 394) et Mercedes (49 306). Ce niveau de production est à peine supérieur à une année 2020 forcément calamiteuse, touchée par le Covid. En 2019, la France avait « sorti » 2 197 819 véhicules de ses usines, et 1 280 445 l’année suivante. En 2021, le bilan n’est guère plus brillant avec 1 307 269 unités.
Bien qu’auréolée de la première place, la Toyota Yaris française aurait pu mieux faire en raison de son succès européen. Mais Toyota a choisi de répartir la production entre Onnaing et l’usine de Kolin, en république tchèque, pour faire un peu de place, en France, au Yaris Cross, qui devrait logiquement monter en cadence en 2022. En phase de lancement, le petit SUV hybride est produit uniquement dans la région de Valenciennes. L’usine nordiste ambitionne toujours de produire 300 000 véhicules par an.
Chez Peugeot, le succès du 3008 impressionne toujours après cinq ans de carrière. La nouvelle 308 devrait, logiquement également, augmenter son chiffre de production en 2022, étant elle aussi sur la pente ascendante de son lancement.
Chez Renault, les espoirs sont tournés vers l’usine de Douai : 2022 sera l’année pleine de commercialisation de la Mégane E-Tech, et le site devrait préparer l’arrivée de la R5 électrique qui succèdera à la Zoé. Cette dernière devrait s’éteindre progressivement jusqu’en 2024, et enterrer avec l’activité de production automobile du site industriel de Flins, réorienté vers l’économie circulaire.
La bonne nouvelle, c’est que la production de petites voitures, pourvoyeuse de volumes, ne s’échappe pas complètement du territoire. On le craignait, avec les déclarations des uns et des autres disant que la production d’une petite voiture en France n’était pas rentable. Toyota a bien démontré le contraire depuis vingt ans. Avec un ancien de Toyota à la tête du pôle industriel nord de Renault (Luciano Biondo), la recette pour produire une petite auto en France de manière rentable n’est peut-être plus si inapplicable. Reste à savoir si l’usine de Douai est capable de retrouver ses volumes d’antan, quand le Scenic cartonnait.
Renault Douai a produit en 2020 moins de 50 000 véhicules (Talisman, Scenic, Grand Scenic, Espace) alors qu’en 2004, cette seule usine a sorti 469 510 voitures ! Le positionnement tarifaire des futures douaisiennes, 100 % électriques, qui seront vendues selon le principe « moins mais mieux », n’augure pas dans l’immédiat des volumes exceptionnels alors que l’usine est dimensionnée pour produire 300 000 voitures. La chance de Douai c’est que c’est la seule usine de fabrication des Megane E-Tech et future R5 électrique.
Celles qui trustent les premières places du marché français ont quitté le territoire récemment : la Renault Clio est fabriquée en Turquie (et un peu en Slovénie), la Peugeot 208 en Slovaquie, la Renault Mégane est espagnole depuis la génération 3, le Renault Captur est espagnol aussi, tout comme le Peugeot 2008. La « star » du marché français, la Dacia Sandero, n’a jamais été fabriquée en France. Elle est aujourd’hui marocaine. Le Duster, lui, est roumain, et la Spring, électrique vient de Chine. Le même long voyage jusqu’au marché français attend aussi les DS9 et la Citroën C5 X.