Le 30 septembre 2010, Carlos Ghosn, le patron de Renault, dévoilait la DeZir, un concept-car électrique arrivé là où plus personne n’attendait Renault. Symbolique pour le constructeur français, elle devait marquer une véritable rupture dans le design de la marque.
Au Mondial de Paris 2010, le stand de Renault est surchargé à l’heure de la conférence de presse de Carlos Ghosn, alors patron du groupe. L’année précédente, Laurens Van Den Acker est nommé à la tête du design et succède à Patrick Le Quément. Patrick Le Quément a marqué son époque et l’entreprise, mais les derniers choix stylistiques opérés ne rendent pas hommage au talent du bonhomme et à l’ensemble de sa carrière.
Laurens Van Den Acker doit renouveler le design, le rendre plus dynamique et « émotionnel ». Il invente alors le concept de la marguerite : un pétale pour une voiture qui représente un moment du cycle de la vie. Il y en aura six : Love, Explore, Family, Work, Play et Wisdom, que l’on peut traduire par « tomber amoureux », « explorer », « la famille », « le travail », « le plaisir » et « la sagesse ». Six concept-cars dont on devait retrouver, à partir de 2010, des éléments sur les voitures de série.
Le premier pétale, « Love », prend la forme du concept-car DeZir, un coupé habillé d’une robe rouge à laquelle tient particulièrement Laurens Van Den Acker. Un projet craquant, terriblement moderne, qui titille cependant la fibre nostalgique tellement il transpire par toutes les ouies Alpine, la marquée sportive tuée par Renault quinze ans plus tôt. La calandre faite de la grille d’aération de part et d’autre d’un losange qui devra être surdimensionné est la nouvelle signature de Renault. Un Losange hypertrophié, duquel on devait être fier, claironnait Carlos Ghosn alors VRP de sa stratégie d’électrification massive à quatre milliards d’euros.
La DeZir était électrique, équipée d’un moteur de 150 ch. Ce n’est pas ce qui était le plus évident à retenir. La ligne à couper le souffle a bien camouflé le reste. En 2012, Renault présente la Clio 4, avec le rouge de la DeZir en couleur de lancement, une réussite stylistique que Laurens Van Den Acker rattachera à la DeZir. Laquelle servira plutôt de « master » dans le groupe pour étayer le projet de renaissance d’Alpine, qui a abouti en 2017.
A l’horizon 2025, on devrait retrouver la véritable descendance de la DeZir chez Alpine. La marque sportive sera cette année-là entièrement convertie à l’électricité. Quinze ans de cheminement auront été nécessaires.