Au salon Rétromobile, il y a les stands des marchands de luxe, ceux des clubs, des revendeurs de pièces, ceux des libraires, la zone d’exposition du vendeur aux enchères Artcurial… et les stands des constructeurs, qui ont compris l’intérêt de valoriser leur patrimoine. Parmi ces derniers, celui de Citroën a écrasé toute la concurrence, centenaire oblige. J’avais beaucoup aimé les stand Citroën du dernier Mondial de l’automobile, au même endroit, Porte de Versailles : la Maison Citroën, c’est un esprit cocooning, des couleurs chaleureuses, et de nombreuses références au patrimoine de la marque. Bref, un lieu « feel good », ou plutôt agréable à vivre, qui illustre la nouvelle stratégie de la marque.
Ça, c’était pour la gamme contemporaine. Et quid du patrimoine, l’année d’un centenaire ? Citroën ne pouvait faire autrement que de frapper un grand coup. C’est logique, mais ça peut devenir un problème quand il faut mettre « un peu » d’argent en face, et quand il faut aligner cette valorisation du passé avec la stratégie commerciale et industrielle qui doit faire entrer des sous dans les caisses.
Il fut un temps, Citroën avait tendance à enfouir son passé plus ou moins glorieux. Une histoire pas toujours assumée, même si la marque est l’une des plus collectionnées au monde. Mais tout vient à point à qui sait attendre, et il faut voir dans la montée en puissance et la structuration de l’Aventure Peugeot-Citroën-DS une volonté de partager enfin l’histoire des marques de PSA. Peugeot avait son musée, à Sochaux, et Citroën un conservatoire, à Aulnay-sous-Bois, depuis 2001. Conservatoire quasiment ouvert en permanence actuellement, alors qu’il a longtemps été un lieu fermé.

Citroën a maintenant son site web patrimonial, Citroën Origins, l’Aventure se met à la refabrication de pièces. Les Archives du groupe regroupées à Terre-Blanche bénéficient elles aussi d’une véritable stratégie de conservation et de diffusion. Et c’est peut-être un symbole, mais quand le patron de PSA, Carlos Tavares, renouvelle son adhésion à l’Aventure Peugeot-Citroën-DS sur le stand de l’association à Rétromobile, ça veut dire bien des choses.
C’est aussi pendant Rétromobile que l’Écho républicain a révélé que le seuil des 2 000 voitures inscrites au Centenaire Citroën, à la Ferté-Vidame, a été franchi.
Les signaux sont positifs, et le stand Citroën à Rétromobile 2019 rassure quant aux intentions de la marque : trente voitures exposées, c’est sauf erreur de ma part inédit sur une manifestation telle que Rétromobile.
Dix voitures de série, dix concept-cars et dix voitures de course à choisir parmi les 300 de la collection privée de Citroën, ça a dû donner quelques nœuds au cerveau des responsables de Citroën Héritage. Des choix forcément discutables, puisque chaque Citroëniste, ou non, aurait fait (forcément) un choix différent. Comme il y a 67 millions de sélectionneurs de foot ou 67 millions de présidents de la République en France…
En laissant traîner les oreilles dans les allées, on remarque quelques tendances : les ingénieurs qui se sont penchés sur les concept-cars étant assez souvent qualifiés de « fous ». Ce qui revient le plus souvent au sujet de la pyramidale Karin de 1980 ? « Moche ». Plusieurs fois, les jantes de la C-Xpérience (2016) retiennent l’attention. En règle générale, c’est la GT de 2008 qui reste la plus surprenante.
En ce qui me concerne, la Camargue reste la plus admirable. Comme beaucoup de garçons de ma génération, je l’ai possédée réduite 64 fois en Majorette, voire en Norev Jet Car, au 1/43e. Ensuite, parce que son dessin est à couper le souffle, issu de la première collaboration en 1972 entre Bertone et Citroën. Et enfin parce que la Camargue se montre extrêmement rarement. Elle n’est pas entreposée au Conservatoire Citroën, à Aulnay, puisqu’elle fait partie de la collection ASI Bertone. C’est donc u moment rare que de la pouvoir la découvrir sous tous les angles.
Moins de surprises quant aux voitures de série : la 2CV, la Traction, la 10 HP, le HY et la Méhari sont parmi les plus emblématiques. Puis la succession de grandes routières (DS, CX et C6) à deux pas de l’Activa de 1988 et de la C-Xpérience de 2016 laissent penser qu’il y a un sacré savoir-faire à entretenir.
Côté compétition, c’est toujours un bonheur de revoir la DS tronquée, la SM, la Rosalie des records ou encore la ZX rallye-raid ou la Xsara Kit Car de Philippe Bugalski.
L’amuse-bouche du centenaire a rempli sa mission… Vivement le centenaire fin juillet à La Ferté-Vidame.






