À Béthune, sous-préfecture du Pas-de-Calais de 25.000 habitants, on vibre auto au moins deux fois par an : durant le rallye Le Béthunois, en septembre, et à Béthune Rétro, au sortir de l’été. Le restant de l’année, on parvient à dénicher, dans la rue, quelques pépites ou drôleries, c’est selon. Même un dimanche de Pâques, particulièrement désert.
En quelques pâtés de maisons, dans le centre-ville de Béthune, ce dimanche de Pâques, on a réussi à faire notre marché. En terrasse, d’abord, littéralement aux portes d’un café. Coup double avec une Porsche 911 turbo (type 996) et une Chevrolet Corvette du début de quatrième génération, présentée en février 1983, maintenue un cran au-dessus de la Camaro, présentée en 1981. Alors que la Camaro disposait de quatre moteurs (allant du quatre-cylindres 2.5 de 92 ch au V8 5.0 de 180 ch pour la Z28), la Corvette reçoit un V8 5.8 à injection électronique de 205 ch. Plus courte et plus légère que la Camaro, la nouvelle Corvette est annoncée avec une vitesse maxi de 225 km/h. En 1985, la Corvette est vendue 24 890 dollars, contre 11 280 dollars pour la Camaro Z28.
À quelques dizaines de mètres de là, toujours un petit goût de légende d’Amérique, avec une Jeep Wrangler Sahara 4.0 immatriculée en Grande-Bretagne. Cette Wrangler à feux ronds de deuxième génération (TJ, sortie en 1997) est celle équipée du moteur 4.0 à six cylindres en ligne de 177 chevaux, avec boîte automatique à trois vitesses. Il faut au moins ça pour s’affranchir des pavés de la rue Albert-1er. Roue de secours,, capote en toile… Tout est là pour affronter la jungle béthunoise.
Autre légende, autre continent, avec ce Land Rover Defender tout neuf. L’un des derniers de la longue saga commencée en 1948. L’engin n’est pas loin d’être un collector, puisque le tout dernier Defender est sorti des chaînes d’assemblage de Solihull le 29 janvier 2016. Plus de deux millions de Land Rover ont été produits en 68 ans d’existence. Condamné par les normes antipollution, le Defender représente, avec la Jeep Wrangler , le dernier tout-terrain à l’état brut, conçu pour le franchissement, et pas grand chose d’autre.
Les derniers Defender 90 (châssis court) hard top étaient équipés d’un moteur 2.2 diesel de 122 chevaux. Il atteint 145 km/h en vitesse de pointe, et franchit le 0 à 100 km/h en 15,8 secondes. Le tout sanctionné par une consommation gargantuesque, homologuée à 10 l/100 km en cycle mixte, soit des émissions de C02 normalisées de 266 gr.
Cet exemplaire vert Grasmere est une série limitée Heritage Edition, qui rend hommage au premier Land Rover sorti de chaîne en 1948, portant l’immatriculation HUE 166. Cent vingt exemplaires du Defender 90 Heritage étaient prévus pour la France. Cent quarante Station Wagon 90 Heritage et cent soixante-quinze Station Wagon 110 Heritage étaient aussi au programme français.
Pour la route, deux petites Béthunoises perdues dans des rues désertes. D’abord une Volkswagen New Beetle jaune. Son histoire remonte à plus de vingt ans, déjà, quand le studio de design californien de Volkswagen planche sur une réinterprétation de la Coccinelle.. Le Concept 1 est présenté à Détroit en 1994, et provoque une avalanche de réactions positives. Si bien que VW se lance dans la production en série, sans dénaturer son concept car.
Aux États-Unis, l’enthousiasme ne retombe pas, mais en Europe, la mayonnaise ne prend pas, et VW s’en rend compte très peu de temps après une commercialisation tardive, en 1999. Il faut dire qu’à l’époque, Volkswagen accompagne son phénomène néo-rétro avec une politique tarifaire balèze. En France, une seule finition au programme, et deux moteurs, vendus au même prix : 131 400 francs pour le 1.9 TDI 90, ou le 2.0 essence de 115 chevaux. Elle est loin, la voiture du peuple… Peu pratique, peu habitable, mais mignonne,la New Beetle embarque même un petit vase qui permet de se balader avec une fleur près du volant…
Reste enfin une bonne vieille nationale, un peu youngtimers sur les bords, j’ai nommé la Renault 19. La légende dit chez Renault qu’elle fût conçue avec l’obsession d’une qualité et d’une fiabilité qui avaient rendu furieux le PDG de l’époque, Raymond Levy, désespéré par les pannes de sa R25… La R19, présentée en juin 1988, remplace le binôme R9/R11, et a des ambitions européennes. Le design est loin d’être affriolant, et rassure, entre une Peugeot 309 bâtarde, qui devait naître sous le blason Talbot, et… une concurrence au double chevron inexistante., puisque la Citroën ZX n’arrivera qu’en 1991. Ailleurs en Europe, la Fiat Tipo montre les crocs, face aux ténors que sont les Volkswagen Golf, Opel Kadett et Ford Escort/Orion.
La Renault 19 arrive avec trois moteurs essence : un vieux 1.4 de 60 ch, le tout nouveau Energy 1.4 de 80 ch, et le 1.7 de 92 ch issu de la R21, pour les GTX et TXE. Renault en profite pour installer dans la 19 un tout nouveau moteur diesel 1870 cm3 atmo de 65 ch. Au lancement, au Salon de Paris 1988, la R19 est disponible en trois et cinq portes. Une version 16S est inscrite au programme, avec un 1763 cm3 de 140 chevaux et culasse à 16 soupapes. C’est la sportive de la gamme, annoncée pour atteindre 215 km/h en vitesse maxi, et le 1.000 mètres départ arrêté atteint en 28,6 secondes.
Au fil des années suivront la version à trois volumes nommée Chamade, et le superbe cabriolet développé par Karmann, à quatre places et sans arceau. Un cabrio qui s’était distingué, à l’époque, par le double bossage qui prolongeait les appuie-têtes à l’arrière.