Deux tendances lourdes se dégagent du Salon de Genève 2016, qui vient de fermer ses portes. Ce n’est pas une nouveauté, mais le rendez-vous suisse soigne toujours sa cote en accumulant les premières mondiales prestigieuses et gavées de chevaux. Deuxième tendance : le segment des SUV n’est pas encore une source qui se tarit. Au pire, les retardataires pointent le bout du capot, et les autres multiplient les déclinaisons. Petite revue de détails.
Récemment, au cours de la présentation d’une berline compacte, un pro du marketing constatait que le segment du SUV n’était pas encore arrivé à saturation. Au contraire, plus l’offre se diversifiait, plus les ventes s’empilaient. C’est miraculeux, en France, et partout ailleurs dans le monde, et assez lucratif, d’ailleurs. Le client aime, il est prêt à payer pour ça, alors pourquoi s’en priver ?
À Genève, les retardataires tentent de récupérer le coup, à tous les niveaux de gamme. Les derniers arrivés ne peuvent pas passer à côté du sentiment de déjà-vu, et composer avec un effet nouveauté qui s’émousse. Alors, comment renouveler le genre pour fidéliser la clientèle ?
Chez Kia, le pari est osé, quelques mois après la commercialisation du nouveau Sportage. Le Niro est uniquement proposé avec une chaîne de traction hybride : un moteur thermique de 103 chevaux associé à un moteur électrique de 43. Mais contrairement à la Toyota Prius, Kia fait appel une boîte à double embrayage à six rapports. Le Niro et ses 4,35 m de long arriveront fin 2016, avec un design qui se rapproche de celui d’une berline.
Comme Kia, Toyota, le spécialiste mondial de l’hybride, présente à Genève un SUV compact uniquement disponible en hybride. Le C-HR est nettement plus tape à l’œil que le Coréen, et file sacré coup de vieux au Nissan Juke. Présenté comme un coupé cinq portes haut sur pattes, le C-HR récupère toutes les évolutions technologiques étrennées par la Prius IV. Pour les marchés européens, le C-HR sera assemblé en Turquie.
Nettement plus conventionnel, Seat comble un vide dans sa gamme avec l’Ateca, qui repose sur la même base que le Volkswagen Tiguan. Disponible en deux ou quatre roues motrices, il n’apporte rien de neuf, et son design taillé à la serpe singe peu ou prou celui de Skoda. À l’intérieur, pas de doute, c’est la planche de bord bien réalisée mais austère de la Leon.Long de 4,36 m, l’Ateca est chargé de juguler la fuite des amateurs de Seat qui ne trouvaient pas SUV à leur goût chez l’Espagnol du groupe VW.
Chez Skoda, l’annonce est claire, avec le Vision S. Il y aura bien un gros SUV dans la gamme, prochainement. Le concept mesure 4,72 m de long, et offre six places dans un cocon assez luxueux. On est assez loin de l’élégance classique d’une Superb. Mais si les astuces pratiques et l’espace disponible sont bien là, il y a matière à séduire ceux qui chercheront un SUV à sept places à prix bien dosé.
Peugeot, de son côté, ne laisse pas vivoter son 2008, et corrige l’un des principaux reproches à son égard. Le 2008 était considéré davantage comme un break 208, plutôt qu’un SUV. Le restylage lui impose des passages de roues en plastique, une calandre plus verticale, et un Lion qui migre sur la calandre.
Nettement plus haut en gamme, on retrouve Maserati, qui, sans complexe, sort lui aussi un SUV, le Levante. Motorisé par des V6 essence et diesel, il espère faire souffler un vent de chic latin dans le segment. Sur le potentiel de ventes, il suffit de regarder la réussite du Porsche Cayenne pour remarquer que l’allure haute, le sport et le luxe ne sont pas incompatibles.
Autre loup dans la bergerie premium : l’Audi Q2 fait se premiers tours de roues à Genève, et complète par le bas une gamme déjà forte des Q3, Q5 et Q7. Le Mini Countryman est clairement en ligne de mire, avec une surface vitrée plus basse. Pour le reste, c’est deux ou quatre roues motrices, et des moteurs allant de 116 à 190 ch.
L’ambiance intérieure est clairement inspirée des A1 et A3, mais Audi fait le fou-fou avec la possibilité d’incrustations de couleur dans l’habitacle. À l’extérieur, si les volumes généraux et le panneau de custode personnalisable rappellent la Citroën C4 Cactus, les optiques grossissent un peu trop, surtout l’arrière où l’on retrouve, c’est selon de l’ancienne Audi A3, de la Volkswagen Polo ou de la Mercedes Classe A.
Chez le voisin Volkswagen, on lorgne aussi sur le segment des SUV très compacts avec le concept T-Cross Breeze. Voilà que VW se met à la feel good attitude, avec un petit concept frais, découvrable, qui rappelle le Range Rover Evoque donne quelques pistes sur son design à renouveler, notamment la signature lumineuse carrée. Le concept, long de 4,13 m et motorisé par un essence 1.0 TSI de 110 ch, paraît tout à fait réaliste pour affronter un Renault Captur. Disons que la future Polo a peut-être déjà trouvé son dérivé SUV.
Chez Tesla, la grande berline Model S n’en finit plus d’interroger, et de fasciner. Sur le plan du style, cela peut se comprendre. Tesla veut transplanter sa technologie dans un SUV. C’est le Model X. Pour l’élégance et la finesse du trait, Tesla est carrément à côté de la plaque. En revanche, le constructeur californien fait fort avec les portes arrières qui s’ouvrent en papillon, ailes de mouettes ou tout ce que vous voulez, tant que ça ressemble à une bestiole avec des ailes. Sept personnes peuvent prendre place à bord du Model X.
Mitsubishi, qui fait son bonhomme de chemin avec son Outlander PHEV, ressort à Genève son EX Concept, déjà montré à Tokyo en 2015. Cet engin électrique, au design plutôt avenant (4,24 m), montre la voie choisie par Mitsu, et promet une autonomie de 400 km avec sa batterie de 45 kWh, et deux fois 70 Kw de puissance transmis sur les roues avant et arrière.
Ford, cette année, avait mis l’accent sur sa griffe de luxe Vignale, déclinée sur des modèles généralistes. Le SUV Kuga n’y échappe pas, tout en profitant d’un gros restylage. La nouvelle calandre reprend le design trapézoïdal du Edge et de l’Ecosport. Les moteurs sont aussi remis à niveau.Par exemple, le diesel de 120 ch est désormais un 1.5.
Bouclons la boucle spéciale SUV avec SsangYong, spécialiste du SUV, qui présente une évolution du Tivoli, le XLV. Ce n’est ni plus ni moins qu’un Tivoli avec un gros sac à dos mal intégré à la ligne général. L’alourdissement à l’arrière est aussi inélégant que celui d’une Fiat 500 Living. C’est dire. Les 23,5 cm supplémentaires sont intégralement reportés sur le porte-à-faux arrière, ce qui fait passer le volume de coffre à 720 dm3. Sur le stand du Coréen, on préfère s’attarder (un peu) sur le concept SIV2, qui préfigure un SUV de moyenne gamme. Le concept abrite une chaîne de traction hybride, avec un moteur 1.5 couplé à un moteur électrique de 10 Kw.