Prenez une petite ville de 25.000 âmes du Pas-de-Calais, convertissez là au rockabilly, aux années 1950, aux pin up et aux grosses voitures américaines, et ça donne Béthune Rétro. Un rendez-vous qui devient au fil des ans une vraie place forte de l’auto ancienne au sens large dans le Nord – Pas-de-Calais.
Véritable festival de la culture américaine des années 1950, Béthune Rétro fait la fête aux Chevrolet, Lincoln, Cadillac Oldsmobile, Dodge et Ford, qui garnissent les rues de Béthune pendant que sur un week-end complet, vingt-sept concerts de rock se déroulent sur deux scènes différentes. Dans les allées du marché des fifties ou devant les scènes, il n’est pas impossible de croiser les amoureux de la banane, du tatouage et les réinterprétations modernes des pin up.
Particularité de Béthune Rétro, l’espace d’exposition dédié aux hot rods, ces vieilles caisses transformées en monstres de puissance. A ce petit jeu-là, nos voisins belges ont vraiment quelques longueurs d’avance. Même notre bonne vieille Citroën 2CV nationale a droit à sa cure de customisation.
Dans cette ambiance très Stars and stripes, un festival parallèle met en scène des voitures anciennes, et pas forcément américains celles-là. C’est le Club des amateurs de vieilles carettes, de Vendin-le-Vieil, près de Béthune, qui ajoute encore à la séquence nostalgie. Le truc de ces bénévoles, c’est le concours d’élégance. Parfois, ce sont les déguisements des propriétaires qui font tout le sel de la présentation de la voiture.
Les participants étiquetés numéro 1 ont joué une scène de sortie de grange d’une Peugeot 203 noire en partie recouverte de paille. Une vraie saynète du monde rural pas vraiment improvisée, pleine d’humour, autour du redémarrage de la bonne vieille 203.
Autre coup de coeur : un couple est venu de région parisienne présenter une Bellanger. Monsieur a 78 ans, madame 76. Un faux gendarme et une fausse nonne sont venus présenter une Citroën 2CV de 1982. Voiture de famille, dans son jus, sauf le moteur, changé à 210.000 km. « Elle ne sera jamais vendue. Elle reste dans la famille. Mais mon petit-fils veut déjà me la piquer », explique le faux gendarme, qui a de la répartie. À la question de l’animateur du concours, « Qu’avez-vous fait dessus ? », le proprio répond, sans se démonter : « L’amour ».
Tous les propriétaires ont des anecdotes à raconter, sur la restauration, l’histoire… Le propriétaire d’une Ford Mustang est venu d’Alsace pour présenter sa voiture, qui était « enterrée dans un poulailler ». Quatre ans de boulot ont été nécessaires pour la remettre intégralement en état. Un propriétaire de Traction-Avant, qui a demandé 6.000 heures de restauration, a un message à faire passer : « C’est du patrimoine personnel, mais c’est aussi le patrimoine industriel de la France ! » Si le club tient à son concours d’élégance, c’est aussi pour « passer le relais » aux jeunes générations, et donner l’envie de préserver toutes ces autos. Deuxième message passé !
À côté du concours d’élégance, qui permet aussi de voir rouler les autos sur quelques mètres, les anciennes toutes catégories avaient plusieurs places du centre-ville pour être simplement exposées, ainsi que la cour de l’Hôtel de Beaulaincourt. Un joli salon à ciel ouvert qui permet de faire quelques drôles de rencontres, parfois à mille lieues de l’esprit fifties ou made in USA.
Parmi ces rencontres étonnantes, la Mosquito, une voiture de 1979 qui fut vendue en kit en 1979 par ABR Styling, spécialiste du kit carrosserie en polyester. Dans les années 1980, des kits aérodynamiques étaient ainsi disponibles pour la Renault 21 et la Renault 25. Dans le cas de la Mosquito, on a affaire à une voiture complète, vendue en kit, sur base Renault 4 ou Renault 6. La Mosquito est un petit cabriolet deux places, avec capote, et capot ouvrant de l’arrière vers l’avant. Voilà une vraie façon de rouler « différent », loin des gros V8 américains, vertes ! Mais pour cruiser le long des plages de Californie, ça peut le faire !