Le marché de la voiture électrique connaît des fortunes diverses. Petit florilège d’expériences plus ou moins déçues, à travers l’actu observée lors de la trêve estivale, notamment chez Mia Electric, Tesla et Saab.
Chez Mia Electric, à Cerizay, dans les Deux-Sèvres, c’est la décomposition. La société issue du découpage d’Heuliez il y a quatre ans a mis un pied dans la tombe le 21 mars 2014, avec la liquidation judiciaire prononcée par le tribunal de commerce de Niort, avant même la fin de la période d’observation. Trois offres de reprise ont été écartées. Et, fin juillet, c’est la vente aux enchères des actifs de la société (immobilier, chaînes de montage, brevets, matériel, stocks) qui a été préconisée par le liquidateur, et retenue par le tribunal.
Pour une question de transparence totale, voici une copie du jugement du tribunal de commerce de Niort qui, à l’audience du du 14 mai 2014, rejette les offres de reprise des actif de Mia Electric, estimés à trois millions d’euros : MIA rendu TC 14_05_14
La vente aux enchères des actifs, programmée fin septembre (la date n’a pas encore été fixée) pourrait sonner le glas d’un retour à l’activité à Cerizay dans le domaine de la voiture électrique. Il se dit pourtant que Michelle Boos, la dernière patronne de Mia Electric, ne pourrait pas lâcher son os si facilement. Elle a toujours montré son acharnement à vouloir remettre la main sur Mia Electric. Rien ne l’interdit de revenir lever la main et reporter quelques lots aux enchères pour remonter un projet à Cerizay ou ailleurs. Cette éventualité, avec la promesse de nouveaux partenaires, lui a été refusée par la justice commerciale. Pour l’instant, la composition des différents lots et les prix de départ ne sont pas encore connus.
Chez les propriétaires de petites Mia, ça grenouille sévère. Certains tentent de fédérer pour mettre la main sur un stock de pièces qui permettraient de faire durer leurs petites Mia le plus longtemps possible.
Mais les ventes aux enchères peuvent révéler leur lot de surprises. Ainsi, l’année dernière, après la liquidation de Fraisnor, à Feuchy, dans le Pas-de-Calais, était-il précisé que si une offre globale était déposée sur tous les lots mis en vente, elle prendrait le pas sur toutes les adjudications. C’est ce qui s’est passé avec un investisseur qui a raflé l’ensemble de ce qui constituait l’ex-entreprise de fabrication de lasagnes fraîches, alors que tous les lots avaient préalablement trouvé preneur individuellement. Quid dans le cas de Mia Electric ?
En tout cas, six anciens de Mia Electric ont pris position publiquement en faveur d’une vente aux enchères « intelligente », avec des lots habilement constitués, et d’une taille adaptée, pour permettre un éventuel redémarrage de l’activité si des investisseurs se manifestaient.
Chez Tesla, constructeur californien de voitures électriques haut de gamme, c’est le patron, Elon Musk, qui fait encore parler de lui. Le 12 juin, il jette en pavé dans la mare, allant à l’encontre des pratiques habituelles dans l’industrie, déclarant que Tesla met à disposition tous ses brevets gratuitement, à qui les utilisera « de bonne foi ». Autrement dit, quiconque peut en théorie exploiter gratuitement le savoir-faire Tesla… Autrement dit, bis, une éternelle gué-guerre judiciaire semblable à ce qui se pratique dans le monde des smartphones entre Samsung et Apple devrait ne pas avoir lieu.
Objectif avoué d’Elon Musk : tirer le développement de la technologie par le haut en servant éventuellement de valeur-étalon, et surtout accélérer sa montée en puissance.
Cet été, Tesla en a profité pour rappeler l’ouverture de six premiers superchargeurs sur l’axe Paris – Côte d’Azur. Tesla n’attend pas que ce soient les pouvoirs publics qui déploient les infrastructures de recharge. Tesla a implanté six véritables stations service, permettant à ses clients de Model S à batterie 85 Kwh de recharger gratuitement, et à vie, la moitié des batteries de Tesla en vingt minutes. En Europe, Tesla a ouvert cinquante-sept stations de ce type au total. En France, elles sont situées hors autoroute du côté d’Auxerre, Mâcon, Vienne, Nîmes, Aix-en-Provence et Fréjus. D’autres fonctionnent, à Chambéry, Narbonne, Dijon et Chalons-en-Champagne.
Direction la Suède, enfin, et Trollhättan en particulier. Le repreneur de Saab, NEVS (National Electric Vehicle Sweden) qui a repris les actifs de la marque en 2012, parvient difficilement à joindre les deux bouts. Le 12 août, un tribunal suédois saisi par un fournisseur de NEVS fait part d’une situation de cessation de paiements. Des difficultés que NEVS reconnaît, et qu’il estime passagères. NEVS aurait quelque cinq millions d’euros de dettes, et explique être en discussion avec de nouveaux investisseurs. Une audience doit avoir lieu le 18 septembre pour statuer sur l’avenir de l’entreprise.
Il faut dire que l’activité de Saab (250 personnes travaillent encore à Trollhättan) ne permet pas vraiment de renflouer les caisses. Depuis la reprise par NEVS, Saab, privé de son logo au griffon, planche sur la conception d’une 9-3 Sedan électrique (sur la base d’une 9-3 thermique, dont les origines remontent à 2002), toujours pas produite en série, donc pas encore commercialisée.Bizarrement, c’est le 20 août, une semaine après l’annonce du tribunal, que Saab montre un prototype de sa 9-3 électrique. Un proto qui doit permettre de valider les process d’industrialisation, et qui donnera le top départ à la fabrication de deux cents voitures qui rejoindront pour un test grandeur nature la ville de Qingdao, en Chine, propriétaire à 22 % de NEVS.
La 9-3 Sedan électrique montrée à Trollhättan a été fabriquée en mai… mais n’avait pas été montrée plus tôt. Equipée de batteries lithium-ion, et d’un moteur de 140 chevaux, elle abattrait le 0 à 100 km/h en dix secondes, et sa vitesse maxi serait de 120 km/h. L’autonomie est annoncée à 200 kilomètres. Saab confirme ne pas avoir touché aux aspects pratiques de la 9-3 d’origine : les batteries sont logées sous le plancher, et n’impactent ni le volume habitable, ni celui du coffre. Aucune date de commercialisation n’est annoncée.
Le plus étonnant, dans cette présentation, c’est le peu de soin apporté à l’image par le constructeur, qui a diffusé deux photos pas très valorisantes, dont une de la 9-3 de profil, posée négligemment sur un pseudo-parking où dépassent quelques mauvaises herbes. Bizarre.