La toute dernière voiture produite par l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois devrait sortir des ateliers et voir la lumière du jour le 25 octobre 2013. Jusqu’à sa fermeture définitive en 2014, le site industriel produirait encore des pièces détachées. La dernière usine automobile française qui a fermé ses portes, c’est celle de Renault, sur l’île Seguin, à Boulogne-Billancourt, en 1992.
Ce sera une Citroën C3, qui devrait rejoindre directement les réserves du Conservatoire Citroën, à quelques centaines de mètres de la porte de sortie des ateliers, sans passer par les honneurs, la petite fête et la traditionnelle photo de famille, entourée d’une poignée d’ouvriers qui ont participé à sa fabrication. Cette C3-là sera la toute dernière voiture assemblée à l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois. Pas sûr qu’elle sera bien mise en évidence dans la collection du constructeur…
Une voiture chargée de symboles. Elle clôt quarante ans d’histoire industrielle dans cette usine qui borde l’autoroute A1. A la fin des années 1960, Citroën achète les terrains d’Aulnay pour y installer la production de la descendante de la DS, et même des dernières versions de son vaisseau amiral.
La CX, premier nouveau modèle assemblé à Aulnay, y voit le jour en 1974. L’arrivée de Citroën en Seine-Saint-Denis marque déjà un tournant dans l’histoire du constructeur, puisqu’elle est synonyme d’arrêt de l’activité industrielle dans les bâtiments historiques du Quai de Javel, en plein Paris. A une trentaine de kilomètres du 15e arrondissement de Paris, le foncier est à bas prix, il y a de l’espace (Citroën prend ses aises sur 168 hectares), d’importants axes de communication et c’est l’occasion de bâtir une usine neuve, donc fonctionnelle.
Aulnay-sous-Bois produit la CX, mais aussi les ultimes utilitaires Type H (le tout dernier sorti de l’usine en 1981 est stocké au Conservatoire Citroën), le tandem Citroën LN/Peugeot 104, la Citroën Visa. Son âge d’or, l’usine la doit à la Citroën AX, quelques Peugeot 205, la ZX, la Peugeot 106 et la Citroën Saxo.
A partir de 2001 suivent la Citroën C3, la C2, et la deuxième génération de C3, qui restera à partir de 2010, l’unique modèle assemblé dans l’usine. Une situation de mono-construction délicate, puisque l’activité de l’usine dépend du cycle de vie d’un modèle unique, et devient cyclique elle-même, sans pouvoir niveller son niveau de fabrication avec d’autres modèles à même de jouer les « tampons ». Un cas rare dans le groupe PSA. Cette situation de mono-fabrication n’est cependant pas unique dans l’industrie automobile, et n’est en théorie pas de nature à fragiliser une usine, si on en croit l’exemple de Toyota, qui fabrique à Onnaing, près de Valenciennes, uniquement des Yaris.
Mais, confronté à une sous-activité chronique de la plupart de ses usines françaises, PSA a préféré en sacrifier une pour en remplir d’autres. Quand l’annonce tombe, le 12 juillet 2012, PSA emploie encore, à Aulnay, un peu plus de 3.000 personnes, et 400 intérimaires. L’usine a compté plus de 5.000 salariés au début des années 2000. PSA prévoit une fermeture totale en 2014, la fabrication de pièces détachées devant fermer la marche. A ce jour, selon PSA, deux mille futurs ex-Aulnay ont bénéficié de mesures de reclassement au sein du groupe PSA, dans d’autres entreprises, ou ont adhéré à une mesure de congé senior ou de création d’entreprise.
Mille salariés, qui n’auraient pas encore fait connaître leur choix de reclassement, seraient encore sur place pour… ne plus rien produire, selon la CGT. La production est vite tombée au compte-goutte, à cinq unités par jour à la fin de l’été 2013. Selon PSA, la fin de production à Aulnay aurait été anticipée faute de personnel suffisant en nombre. La CGT décrit aujourd’hui une usine vide, sans activité. L’assemblage des Citroën C3 a été transféré à l’usine de Poissy, dans les Yvelines. Nul doute que la dernière Aulnaysienne a été produite il y a quelques semaines déjà.
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