Peugeot a goûté avec succès au crossover, avec la réussite du 3008, et espère réitérer la performance plus bas dans la gamme, avec un 2008, extrapolé de la 208. C’est aussi avec le 2008 (lire l’essai ici) que Peugeot souhaite gagner le pari de l’internationalisation. Qui dit voiture mondiale dit design censé synthétiser les goûts aussi divers que variés des automobilistes sur la planète entière. Au risque d’aboutir à une voiture sans saveur particulière. Le Peugeot 2008 évite cet écueil. Eric Dejou, responsable des design extérieur, intérieur et matières du 2008, « raconte » sa lecture du style du petit dernier.
Pas de break à l’horizon, pour la Peugeot 208. Le Lion a d’autres ambitions pour ses pensionnaires du segment B, et notamment des envies de ventes planétaires. Le break compact étant assez marginal, Peugeot a choisi le crossover, au potentiel commercial nettement plus affirmé. Peugeot avait bien tenté l’aventure de la 207 spacieuse et baroudeuse avec la version SW Outdoor, à la garde au sol surélevée et aux protections en plastique bien visibles.
Dans l’esprit, le 2008 n’en est pas très éloigné, avec une caisse relevée de seulement 2,5 centimètres par rapport à une 208. Mais dans le cas du 2008, impossible de deviner, au premier coup d’oeil, qu’il est (très) étroitement dérivé de la 208. Le doute n’était pas permis, par le passé, en plaçant côte à côte une berline et une SW, qu’il s’agisse de 206 ou de 207. Si le 2008 prend des distances avec une 208, il en partage cependant deux tiers des éléments, visibles ou invisibles. Extérieurement, 2008 et 208 ont en commun les portes avant, le pare-brise et ses montants. Toute la partie technique, et la planche de bord, ainsi que les sièges avant, sont communs.
« Pour le 2008, on voulait tenir un ensemble pratique et élégant, fin et efficient« , raconte Eric Dejou, entré chez Peugeot en 2003, après cinq ans à Créapole-ESDI à Paris, et un master en design spécialité transport en poche. Les studios de style Peugeot du Brésil, de Chine et de France ont été mis à contribution. Précisément là où sera produit le 2008 : à Mulhouse en France, depuis février 2013 ; à Wuhan, en Chine, à partir de 2014, et à Porto Real, au Brésil, à partir de 2015.
« Les trois studios ont proposé des sketchs, des idées, une nouvelle expression du volumique. Les dessins reçus des trois zones nous ont permis de dégager les tendances fortes. » D’après Eric Dejou, aucun studio ne s’est démarqué des autres, et la synthèse a pu être rapidement menée, comme une évidence. « Il fallait métisser toutes les exigences. On a fait la synthèse de tout ce qui nous paraissait essentiel pour que le véhicule soit décodé de façon mondiale« .
Certains éléments avaient déjà été testés auparavant, notamment sur les concepts HR1 Le proto Urban Crossover a réutilisé les feux arrières en griffe, et la pupille du félin réinventée, pour les optiques à l’avant. La « calandre flottante » est reprise, comme sur la 208. L’élément de design le plus marquant, sur le 2008, reste le bossage, bien visible sur le profil. Un peu trompeur, le bossage : il n’a aucun effet sur la hauteur de l’ouverture des portes arrières, ni même sur l’habitabilité sous pavillon.
On pensait retrouver une « vague » vers l’arrière, dans l’habitacle. Que nenni ! La seule vague visible, à l’intérieure, en scrutant le pavillon, sur les versions à toit en tôle, c’est celle générée par la traverse, joliment escamotée, en finition Allure, avec un ciel de toit strié par laser et incrusté de leds blanches, appelé « Led Track ». En cas de présence du toit vitré (fixe), des rails de leds latéraux participent à l’ambiance lumineuse particulière.
Etrangement, le toit est positionné plus bas que les élévations visibles sur le profil. Il y avait bien là deux centimètres possibles à gratter en hauteur à l’arrière. Mais non. A quoi répond donc cette « astuce » stylistique ? « On voulait faire le 2008 plus haut, plus protecteur, plus statutaire. On ne voulait pas le faire plus haut pour faire plus haut. Ce n’est pas gratuit. On gagne en aérodynamisme et en poids, et donc en agrément. »
Visuellement, le bossage permet donc de gagner cette hauteur… tout en marquant une rupture avec la ligne des portières avant issues de la 208. « La double bosse permet de cacher les charnières de coffre, et d’arriver sur le becquet. Nous avons un point de fuite efficace en aéro. Ca nous a permis de réinventer la barre de toit. On amène le véhicule plus horizontal. Le volume est plus horizontal« , justifie Eric Dejou, pas peu fier de la montée en gamme que traduit la 2008.
Il n’hésite d’ailleurs pas à parler… des finitions d’entrée de gamme. « Même sur la finition Access, nous avons des pièces particulières qui remplacent les anti-brouillards, des poignées de portes et des rétros peints. A l’intérieur, il y a des éléments laqués et des parties moussées sur la planche de bord. En finition Active, nous avons choisi des enjoliveurs de roues bicolores qui ressemblent à des jantes… »
L’environnement intérieur du 2008 est, lui, connu. La planche de bord est celle de la 208, avec ses compteurs « tête haute » assez controversés. Le petit volant, lui aussi repris de la petite berline, fait davantage l’unanimité. La nouveauté est située entre les deux sièges : la commande de frein à main a été redessinée. Plus compacte, mais pas pratique, elle permet de gagner de la place. Une autre commande apparaît, celle du système Grip Control (en série sur les finitions Féline), un contrôle de motricité renforcée, modifiable en fonction des milieux rencontrés : neige, sable, boue… Ce qui fait que le 2008 reste un simple deux roues motrices, moins crapahuteur qu’avec quatre roues motrices, mais plus léger qu’un vrai 4X4, par définition.
La personnalisation, toujours très en vogue, se limite sur le 2008 à quelques stickers de couleur flash (orange, vert) qui peuvent être apposés, mais pas en usine, sur les rétros, les barres de toit, ou encore, près de la vitre de custode, à l’avant. D’autres stickers, noirs cette fois, façon dégradé, peuvent être collés et courent le long des bas de caisse. « Ils rappellent les deux concept cars présentés à Paris, et à Genève« , se souvient Eric Dejou. Pas franchement indispensables, pour être franc !
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