Infirmiers libéraux dans les Deux-Sèvres, Vincent et Bérangère parcourent une centaine de kilomètres chaque jour, en voiture, en deux tournées, pour visiter leurs patients. Leurs 40 000 kilomètres annuels, ils ont décidé de les parcourir non pas en berline à gazole, mais en Mia Electric. Une vraie révolution, qui s’est opérée en douceur.
Ils sont à l’affût, les patients de Vincent et Bérangère. Une petite pause-photo, près d’une ancienne borne Michelin, et l’un d’eux s’arrête à hauteur de la Mia Electric grise de Vincent. « Alors, t’es en panne ? » Presque attendu au tournant, l’infirmier, qui ne passe pas inaperçu avec sa « puce » qui paraît avoir davantage sa place dans un centre urbain plutôt que dans la pampa deux-sévrienne. Vincent ne l’a pas choisie pour se faire remarquer. Mais par conviction, voire par militantisme. Il voulait une auto fabriquée près de chez lui. Et l’électrique s’est présentée presque comme une évidence.
Quand le couple part à la recherche d’un hangar suffisamment vaste pour y ranger quelques voitures anciennes, il lève assez vite les yeux au plafond pour explorer la piste de la production d’électricité. Et calcule, en l’occurrence, quelle surface serait nécessaire pour poser des panneaux photovoltaïques susceptibles de produire l’équivalent de leurs besoins en électricité. Pas n’importe lesquels : de quoi parcourir 50 000 km par an, en voiture électrique. A cette époque-là, Heuliez planche sur une petite voiture électrique, qui n’est pas encore la Mia. Et Vincent se voit bien promouvoir à sa manière de made in Deux-Sèvres.
Vincent et Bérangère trouvent leur bonheur près de Parthenay… Une propriété avec toiture à retaper complètement, parfaite pour accueillir jusqu’à 325 m2 de panneaux photo-voltaïques. Dans l’optique de posséder un jour une ou plusieurs voitures électriques, ils créent une société de production d’électricité, à partir de… 210 panneaux fixés sur le toit. Toute la production est contractuellement revendue. Rien n’alimente en direct le foyer. C’est bien mieux ainsi, vu les tarifs actuels de vente et d’achat de l’énergie électrique.
Quand la Mia arrive officiellement sur le marché, en 2011, le couple fait des pieds et des mains pour s’offrir sa puce électrique… mais se heurte dans un premier temps à un mur. La voiture n’est alors pas proposée à la vente aux particuliers. Oui aux flottes et à l’auto-partage, mais pas pour l’infirmier deux-sévrien. Mia finit par ouvrir les commandes aux particuliers, et le couple signe un chèque de 23 000 euros. « C’est notre première voiture neuve ! On a toujours eu des voitures d’occasion, qu’on a usées jusqu’au bout« . Des compteurs affichant 300 000 kilomètres, ils connaissent. Pas vraiment une Mia qui sent le neuf.
Ils choisissent une version à trois places, grise, avec une batterie de 12 kW incluse. Celle qui affiche une autonomie censée assurée ce qu’il faut pour assurer une tournée de 80 à 100 km. Pas question, quand on est infirmier libéral, de risquer la panne. « On a reconsidéré l’usage de nos voitures. On a repensé notre organisation avec la problématique de l’autonomie« , explique Vincent. La recharge systématique est devenue un réflexe, pas une contrainte. Avec une voiture thermique et une électrique, le couple raisonne dorénavant en « autopartage ».
Leur Mia est toujours opérationnelle, après quatre à cinq heures de recharge, et ce qu’il faut d’appoint éventuel en milieu de journée. Au début de l’expérience, la voiture a même pu être rechargée chez des patients. « Les personnes âgées étaient flattées ! » témoigne Bérangère. Le comportement de leur Mia sur les petites routes de campagne étroites ne les a jamais déçus. Même sous la neige. Et les performances, limitées ? Suffisantes pour la physionomie des routes habituellement empruntées, rétorque Vincent. Seuls les grands axes nécessitent un peu plus de vigilance, du fait du différentiel de vitesse parfois observé, avec une Mia qui plafonne à moins de 110 km/h, et qui peine dans les montées.
L’esthétique de la Mia ne fait pas toujours l’unanimité. Elle passe encore pour une voiturette. « On ne m’a jamais dit qu’elle était jolie« , raconte Vincent. La praticité de la Mia, avec son poste de conduite central, et un accès facile au matériel, à l’arrière, par les deux portes coulissantes et le châssis échancré, a achevé de séduire le couple, conquis par le silence de fonctionnement.
Financièrement, pourtant, l’affaire n’est pas si évidente… pour le cas particulier du couple d’infirmiers libéraux qui déclare ses revenus aux Impôts en tenant compte de ses frais professionnels. La faute au barème du fisc, quand les contribuables choisissent un mode de calcul de leurs frais kilométriques au forfait. La voiture électrique n’est pas prévue, dans la déclaration d’impôts. Les frais rapportés au nombre de chevaux fiscaux pénalisent la voiture électrique. « Il vaut mieux avoir une voiture diesel de 7cv quand on choisit les frais réels ! » peste Vincent. Une aberration et une « discrimination » qui pénaliserait selon lui, le développement de la voiture électrique.
Mais la satisfaction du couple est ailleurs. Il pense faire un bon geste en faveur de la planète. « Pour nous, c’est un super challenge. Il est réussi. Et le retour, pour Mia, est pas mal« , note Vincent. A ce jour, la Mia Electric qu’il utilise affiche un peu plus de 60 000 km en un peu plus de dix-huit mois. Ce qui en ferait la Mia la plus kilométrée au monde.
Avec son installation domestique, Vincent affirme qu’il produit dix fois plus que ce qu’il consomme, pour sa voiture. « Aujourd’hui, on a produit dix pleins de Mia« , dit-il en relevant les compteurs. Selon lui, la règle d’or, dans pareil projet, c’est de « cibler ses besoins ». En rapportant la consommation électrique nécessaire à un automobiliste parcourant un kilométrage moins extravagant que lui, Vincent imagine sans peine que six panneau photovoltaïques suffiraient à assurer la fourniture d’énergie de la voiture du foyer concerné.
Tout est affaire de calcul… Une pompe à essence à domicile et en libre service, beaucoup de propriétaires de voitures thermiques en rêveraient. Vincent et Bérangère l’ont !
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