Depuis un peu plus d’un an, Pierre Hugonnaud et Franck Leclercq s’attellent à une tâche ardue. Restaurer un vieux tromblon ruiné ? Non… Réunir, en quarante-cinq tableaux, des voitures de collection et leurs propriétaires, cachés dans la région d’Arras, pour créer une exposition photo. Un boulot de longue haleine, qui sera montré au public du 14 au 31 mai, à l’Office culturel d’Arras.
L’oeil, c’est Franck, la quarantaine, photographe et graphiste. La plume, c’est Pierre (qui partage d’ailleurs sa passion sur ce blog), presque aussi âgé que la première Peugeot 203, ou pas loin. Ces deux-là n’avaient pas prévu d’unir un jour leurs forces et leur talent. Pierre, qui a le bon goût de sa balader un coup en Citroën DS 20, un coup en Renault 8 Major, finit par entrer en contact avec Franck, dont le père, Jean-Claude, a tenu le garage du boulevard de Strasbourg, à Arras, créé par son grand-père. Encore un qui a un peu d’huile de vidange dans les veines…
La passion de l’image, des textes et des autos les lance sur un projet commun : dénicher les plus belles voitures anciennes de l’Arrageois, les immortaliser, et surtout raconter en quelques lignes ce qui unit le propriétaire à la voiture. Un déclic, une anecdote, qui relie la grande histoire de l’automobile à celle, plus intime, qui associe l’engin à son conducteur.
Le tout replacé dans un contexte géographique : la région d’Arras. Un collectionneur heureux étant un collectionneur caché, qui aime la discrétion, l’idée d’une expo photo, au grand jour, contraste avec leur souci de tranquillité. Franck et Pierre ont dans la manche la diplomatie, la patience, la gentillesse, et aussi Jean-Marie Buire, membre d’un club de voitures anciennes, qui leur ouvre ses bras, des portes, et son carnet d’adresses.
C’est d’ailleurs Jean-Marie et Marguerite, son épouse, qui servent de carte de visite. Leur Renault Juvaquatre Coach de 1939 et leur Peugeot 403 sont parmi les premières à être photographiées, mises en scène et figées sur papier glacé. Un véritable sésame, qui a servi de test, pour se faire ouvrir des tas d’autres portes de garages immenses, ou de grange incroyablement fournies.
Pour raconter la rencontre entre la voiture, le propriétaire et le lieu, les costumes d’époque sont parfois sortis. Les endroits des prises de vue sont laissés à l’appréciation du propriétaire. Pas de lieu fétiche ? Franck et Pierre connaissent les plus beaux endroits de l’Arrageois. On les a vus à la citadelle d’Arras, au bois de Maroeuil, sur la place Victor-Hugo, à Arras, ou dans les marais de Fampoux.
Et les voitures, comment ont-elles été sélectionnées ? En trois catégories (avant et entre deux guerres, années 1960 puis exception), et sans exclusion. Le prestige côtoie le « popu ». Le bicylindre a la même place qu’une grosse cavalerie. Pêle-mêle s’y trouvent une Facel Vega, une Citroën 2CV, une DS Chapron, une Fiat 500 Jardinière, une Renault NN2, une Triumph, une Jaguar, une Alpine…
Et à chaque fois des propriétaires conquis par la démarche. Passionnés et passionnants, à en croire Pierre Hugonnaud, qui a subi comme une séance de torture la rédaction des légendes des photos, en seulement 1.600 caractères. Alors que Pierre, lui, aurait aimé avoir des pages, à sa disposition. Et Franck, combien de clichés a-t-il écarté pour sélectionner ce qui composera le tableau, large de quarante centimètres et haut de cinquante ? Une vue générale de la voiture avec le propriétaire, en noir et blanc, domine un détail en couleurs.
De shooting en shooting, Franck et Pierre ont rêvé. Et bossé pour satisfaire leurs envies : dégoter une Renault 16 TX, ainsi qu’une Porsche 356. Aux dernières nouvelles, l’une des deux a été trouvée, et fera partie de l’exposition qui réunira « quarante-cinq conservateurs« , comme les appellent Franck et Pierre. L’appareil photo et le carnet de notes ne sont pas encore rangés que les deux artistes espèrent embrayer sur un autre projet : poursuivre ces aventures humaines, et les mettre en scène dans un véritable livre collector.
« De vieilles dames dans le rétro de l’Arrageois », du 14 au 31 mai 2013, à l’Office culturel, 9, Grand-Place, à Arras.
Renseignements, 06 52 00 97 68
contact@collectifregards.fr
www.facebook.com/collectifregardsarras
une expo surement sympa , malheureusement loin de nos terres Poitevines pour la découvrir , bonne route à cette expo !
Vive mon pays de la Pictavie …. un jour nous serons à Poitiers où la bagnole ancienne est aussi une passion !
J’ai hâte d’y être…
Bel article.
merci Valérine & Philippe ! ce ne fut qu’un régal à rédiger … des pistons, des chevaux vapeurs et rien que des mythes de l’automobile d’antan, bref une passion à ciel ouvert.
Tu penses bien qu on ne va pas loupe une si belle exposition on a hâte
L’article est issu de la plume d’un pro du journalisme passionné par la bagnole (et dont je suis très fier d’être l’ami)
…. Benoît Fauconnier de la Voix du Nord