PAR BENOÎT FAUCONNIER
Rétromobile a ouvert ses portes mercredi. Le plus beau musée éphémère de France ne les refermera que dimanche. L’occasion de prendre un bon bol d’air, d’oublier l’autophobie ambiante, les chiffres de ventes catastrophiques, les restructurations à la pelle, les restrictions de circulation et autres malus écologiques. Cette année, cinq cents voitures ont été présentées par les constructeurs, les clubs et les marchands.
Le monde de la collection automobile a sa « place to be », chaque année : Rétromobile, à la porte de Versailles, à Paris. Il y a de quoi composer son garage idéal, parmi les cinq cents autos présentées par la centaine d’exposants. Du côté des constructeurs, on en profite pour rallier le salon à une actualité. Citroën expose avec les clubs les découvrables, allusion à la nouvelle DS3 Cabrio, qui, soit dit en passant, n’a rien à foutre à Rétromobile. Pas plus que le concept C5-Airscape, pourtant remarquable.
BMW détourne le concept de Rétromobile pour présenter deux hommages, des concept-cars qui réinterprètent des modèles mythiques, la 328 et la M1. Peugeot respecte le deal, toujours avec les clubs, et en profite pour fêter l’entrée de la 205 dans le monde de la collection. Eh oui, le sacré numéro a trente ans en 2013 ! Dans deux ans, ce sera le tour de la 309. Pour la 205, admettons. Mais que fait là le concept 2008 vert flashy dégueulasse ? Ah oui, il annonce la 2008 de série…
Renault joue aussi avec les lignes. Rien à dire sur le thème choisi, « Hommes de passion et voitures extra-ordinaires », qui permet de retrouver deux Alpine, un Renault MH à six roues (douze pneus, en fait) et un beeau proto de R8 réalisé par le service compétition de François Landon. Mais le Losange passe à côté en fêtant les vingt ans de la Twingo. C’est dix ans trop tôt pour coller avec l’esprit de Rétromobile. Même si la Twingo Lecoq est un bel hommage rendu au carrossier disparu récemment, faut-il le reconnaître.
Porsche joue aussi sur la « saga » 911. Le Porsche Museum a fait venir de Stuttgart un proto 754 T7 de 1959, qui a préfiguré le 911, une 911 Safari et la 935 d’endurance. Pour le reste, c’est le département Porsche Classic, rattaché au centre Porsche de Vélizy et dirigé par Valentin Kaiser, pour l’entretien et la restauration de Porsche allant de 1948 jusqu’à la 964, qui a déniché d’autres belles pièces, dont une 911 de 1965, la 941e produite. Là encore, la toute dernière 911, toute belle et moderne, trône sur le stand.
Skoda a fait l’effort de présenter trois voitures de compétition, dont une 130 RS de 1975… pour rappeler la fibre sportive, jusqu’à la Fabia. Mouais. C’est aussi l’occasion de rappeler que le constructeur a rouvert son musée fin 2012, et que l’histoire du Tchèque est méconnue. Chez Mercedes, contrat rempli, avec la complicité du musée néerlandais Louwman. Les deux se sont associés pour présenter deux Benz de 1910 qui ont participé à la course du prince Heinrich. Deux autos retrouvées dans les réserves, et qui ont été restaurées depuis. Autant dire que Rétromobile est un événement de réunification.
Rétromobile étant un formidable voyage dans le passé, Luka Huni AG, de Zurich (Suisse), présente un magnifique panel de monstres automobiles, et en profite pour rendre hommage à la Citroën DS. Outre quelques coupés Chapron, Luka Huni AG a voulu recréer la présentation de la DS à Paris en 1955, et a installé sur le podium ses plus anciens modèles, dont un vert à toit ivoire, qui rappelle la mythique auto qui a déchaîné les passions sur le stand Citroën.
Chez Artcurial, c’est comme d’habitude le saint des saints de l’exception, à approcher contre monnaie sonnante et trébuchante, c’est-à-dire la présentation du catalogue de la vente aux enchères, programmée vendredi. Un peu contre le principe du salon payant dans un salon payant, je préfère ne pas m’étendre sur le sujet, et vous inviter à vous attarder sur deux autres stands : la rétrospective Helica, qui rend hommage à un inventeur de génie, Marcel Leyat (rien à voir avec le princesse de Star Wars, d’ailleurs, ça ne s’écrit pas de la même manière), qui détiendrait toujours le record de vitesse avec une voiture à hélice sur l’anneau de Montlhéry, avec 170 km/h, à la fin des années 1920.
Autre belle histoire, celle d’un petit constructeur, Germain Lambert, et du sauvetage de son « oeuvre ». L’Etat français, via le ministère de la Culture, a désigné comme Trésor national quatre voitures de sa conception, et quelques archives, détenues par un marchand de Cassel (Nord), récupérées du fils de Germain Lambert, Guy. La collection ne devant pas aller à l’étranger, l’Etat l’a rachetée plusieurs centainers de milliers d’euros, après un appel au mécénat privé, auquel Motul a répondu favorablement. Les voitures sauvées, elles seront présentées, après Rétromobile, dans un musée national, en l’occurrence la Cité de l’Automobile, la collection Schlumpf, à Mulhouse.
Rétromobile, au parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris. Ouvert jusqu’à dimanche 10 février. Ouvert de 10 h à 19 h, sauf vendredi 8 février, de 10 h à 22 h. Entrée : 14 euros, gratuit pour les moins de 12 ans. www.retromobile.com
un régal d’images … merci Ben !
le cabrio CX, la classe à l’américaine !