En bon passionné d’auto, Pierre Hugonnaud possède… plusieurs voitures. Pas de Clio dCi ou de 308 HDI dans son garage, non. Une R8 Major, qu’il utilise quotidiennement. Il raconte ici comment et pourquoi il s’est retrouvé au volant… Un petit conte estival, et surtout une histoire vraie, qui fleure bon la nostalgie.
Il s’appelait René Baptiste Hugonnaud. Il est né le 6 juillet 1898 à Oradour-Fanais, en Charente. Il décède le 1er octobre 1982 et, depuis, il repose parmi les siens dans le cimetière de son village natal. Il passe avec succès les épreuves du certificat d’études primaires. Il est détenteur du certificat de capacité qui permet de conduire sur route des véhicules automobiles (créé en 1899, c’est l’ancêtre du permis de conduire actuel qui, lui, date de 1923 ; le tout premier certificat de conduite des tricycles à vapeur date, lui, de 1889).
En 1916, il part comme la plupart des hommes valides, sur le front de la guerre 1914-1918. Il est conducteur de char. Il revient sain et sauf. La ferme familiale est exploitée par sa soeur aînée Madeleine, et son mari. Alors il s’engage dans la gendarmerie nationale à cheval en garnison à Marseille. René Baptiste épouse Justine Henriette Augais, d’Asnières-sur-Blour le 27 novembre 1923. Deux enfants naissent de cette union : Clémence Louise en 1924, et André René Michel en 1928, mon papa.
Après avoir eu une carrière militaire intense avec un séjour au Maroc avant son mariage puis un engagement comme résistant au sein de la fameuse brigade RAC à Thiviers aux heures sombres du deuxième conflit mondial, René Baptiste Hugonnaud décide de faire valoir ses droits à la retraite comme commandant de brigade de gendarmerie en 1948.
Son attirance et son amour pour le travail de la terre ne l’ont jamais quitté. Il décide d’abandonner le confort des villes pour rejoindre Oradour-Fanais où il reprend la ferme de son grand-père, Jean-Mathieu, située au lieu-dit Chez Rodier. Mon pépé a possédé trois automobiles dans sa vie : une Amilcar, une Renault 4CV et une Renault 8 Major achetée neuve le 11 mars 1964 à la succursale de la Régie, à Angoulême.
René Baptiste Hugonnaud fut élu maire de sa commune et effectua trois mandats successifs. Il possédait également un tracteur « haut sur pattes » et de couleur rouge, de marque Massey Ferguson, très certainement issu du Plan Marshall. Voilà l’histoire très brève de mon pépé, et de sa Renault 8 Major équipée d’un moteur de 1.132 cm3 et de quatre freins à disques, un fait exceptionnel à l’époque.
Depuis 1982, la Renault 8 Major séjourne dans un garage en terre battue de la ferme de Chez Rodier. Ma tante Clémence l’a soigneusement protégée avec de vieux draps… Elle fait partie de l’histoire de cette famille Hugonnaud et son sort reste inexorablement fixé au sol de cette charmante bourgade de Charente. Elle est en excellent état mais pourtant, elle s’enfonce doucement dans le sol.
Moi, Pierre, le petits-fils cadet de René Baptiste, j’envisage sérieusement, par folie et par amour, avec l’accord de ma tante Clémence et de mon papa André, d’effectuer une « sortie de grange ».
Après la restauration, trois ans plus tôt, de ma Citroën DS 20, dont je savoure toujours pleinement l’immense plaisir de conduite, je décide de m’attaquer à l’aveugle à la récupération de cette R8 dont je connais parfaitement l’histoire, à la virgule près. Juillet 2009 : je loue un camion plateau et je roule, en compagnie de mon frère, Jean, vers Oradour Fanais pour la récupérer.
L’embrayage et le treuil de ce plateau ont fumé de désespoir avant que la jeune file âgée de 45 ans daigne sortir de ses ergots de terre battue. Les étriers des quatre freins à disque se débloquent !
Enfin, la convoitée se hisse sur le plateau. Quelques larmes perlent sur les joues de ma tatie Clémence. Je lui fais la promesse de revenir avec l’auto du pépé en état de marche. J’ai l’immense chance de connaître un carrossier et mécano exceptionnel à Cissé, dans la Vienne.
Richard René est méticuleux, perfectionniste, il n’en est pas à sa première restauration. Le coût de la remise en l’état d’origine dépassera certainement la valeur marchande de ce véhicule. C’est peut-être pour cela qu’elle se fait assez rare sur les routes. Qu’importe, sa valeur est aussi morale et historique.
Le jour où elle est sortie de la succursale, rue de la République, à Angoulême, c’était tout juste cinq mois après l’assassinat du président Kennedy. Son compteur kilométrique affiche 58.000 km certifiés d’origine. Ce qui donne une moyenne de 1.260 km par an !
C’est vrai qu’à l’époque, elle ne sortait de son garage que le dimanche, les jours de marché et pour les fêtes carillonnées. Au début des années 1960, le crédit était rare, et l’on gardait son automobile une dizaine d’années quand on avait la chance d’en posséder une.
Bref, la voilà à Cissé, tout près de Poitiers. Elle est désossée, le moteur est démonté. Le joint de culasse est claqué et la segmentation a marqué un cylindre, et il faut les remplacer. Petit à petit, et grâce à Internet, Richard et moi retrouvons les pièces une à une. Le but de cette restauration est de refaire fonctionner ce 1.132 cm3 à l’identique.
J’aurais pu remplacer ce moteur par celui d’une Super 5, facile à dénicher et peu coûteux, mais un peu de l’âme de la voiture de mon pépé aurait disparu. Au printemps 2010, Richard me téléphone et me fait écouter le ronronnement de ce qui a été un succès mécanique des usines de Billancourt.
Eté 2010, je reviens à Cissé pour procéder à un rodage à l’ancienne. La voiture a été entièrement nettoyée, blaxonnée et il ne reste que des travaux de carrosserie et de peinture suite à des petits chocs sur une aile et le bas de caisse. Me voilà donc reparti à Oradour Fanais pour une séance photo. Et je file vers Bordeaux pour tenir la promesse faite à ma tante.
Au total, j’effectue 800 km sans aucun problème, même sur la rocade bordelaise très encombrée et sur le pont d’Aquitaine. De retour à Cissé pour un resserrage de la culasse, pour les vidanges des différents liquides, et les divers travaux de carrosserie et de peinture.
Au cours de cette restauration, nous avons ajouté un vase d’expansion un filtre à huile et et un filtre à essence, les seules modifications techniques apportées au modèle d’origine. Le haut du moteur a même été repeint en vert armée, de sa couleur d’époque. Sa peinture restera celle d’origine pour conserver son caractère des années 1960.
Le 25 octobre 2010, le grand jour est arrivé, c’est la livraison de ma Renault 8 Major. Seul le défaut de lave-glace a été retenu par le contrôle technique ! Par ailleurs, a-t-il vraiment un jour fonctionné ? Tel le baptême d’un navire, le champagne coulera mais dans les coupes seulement et non sur la carrosserie.
Je réside à Arras, la capitale du Pas-de-Calais. C’est donc un raid de plus de 500 km que je dois réaliser le 26 octobre par un petit matin hivernal. Je ne vais pas me risquer sur les autoroutes A10 et A1 pour deux raisons : la première, pour éviter toute surchauffe et la seconde, pour ne pas gêner la circulation des poids-lourds.
Je m’engage donc sur la Nationale 10 en direction de la Touraine. Puis ce sera Châteaudun, Chartres, Maintenon, Nogent-le-Roi, Mantes-la-Jolie, Beauvais, Amiens, pour terminer dix heures plus tard à Arras. Un magnifique parcours, généreux par ses splendides et harmonieuses couleurs d’automne. Tout cela sans GPS, car je ne dispose point d’allume-cigares. La traversée de l’ouest parisien m’a permis de redécouvrir les villes et villages nobles et ravissants.
Ma R8 a retrouvé une seconde jeunesse à 46 ans sur les terres d’Artois, et après 27 ans de silence au fond d’un garage du Limousin. Depuis, je sillonne les routes de l’Arrageois, une semaine en Citroën DS20 et la suivante en Renault 8 Major de 1964, heureux et fier de conduire ces deux automobiles que j’ai tant admiré durant mon enfance.
Bonjour pierre félicitations pour ton article
En effet, ta sœur Anne me parle souvent de cette auto,la R8
Ludocox
Coccinellement votre
Bonjour Pierre
J’ai possédé une R8 Major de 1965 avec 50000 km au compteur, de couleur grise intrasite acheté d’occasion en 1968 à l’âge de mes 18 ans et gardée jusqu’à l’année 1974 revendue à 180000 km, un vrai petit bijoux.
j’en est gardé la nostalgie et toujours regretté de m’en être séparé.
je n’ai jamais retrouvé le même plaisir de conduite avec mes véhicules qui ont suivis.
Merci pour le récit et les photos de la tienne.
Edouard
Bonjour ; mes grands parents habitaient Oradour-Fanais et j’ai souvent vu Monsieur le maire, et sa voiture ! J’ai même parfois discuté avec vos oncles. Emouvant de lire votre nostalgie, d’admirer cette restauration, et d’imaginer cette voiture si “loin” mais intacte…
Oradour, souche de ma famille et terre de mes vacances. Je me souviens très bien de la famille Brachet ! Ma grande tante Madeleine Beaulieu habitait non loin de chez vos grands parents. J’y retourne une fois et toujours avec beaucoup d’émotion et de nostalgie. N’hésitez pas à me contacter par mail.
Lise, bien évidemment que je me souviens de toi. J’ai même appelé ma fille (32 ans) Lise ! Je me souviens très bien de ton papa Jean (le grand René) et de ta maman Régine ; et aussi de ma grande tante Madeleine et de mon arrière grand-mère « La Menie » Louise je crois … Je me souviens également de ses verres d’eau fraiche accompagnés de sirop de grenadine. Amoureux de belles automobiles anciennes, ton papa avait une Simca P60 Elysées. La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, ce fut pour les obsèques de mon grand-père en 1982 … tu avais un coupé Lancia bleu. J’ai aussi le souvenir des après-midis chez Paul Tromat (Popol) ainsi qu’à la piscine de Bellac. Oradour est pour moi le synonyme de bonheur, de tendresse et de mistrals gagnants chez la « Garétier » (pardon pour l’orthographe). Mon papa André est décédé en 2012 et maman Alice en 2013. Ils sont avec mon grand père et ma grand-mère Justine Henriette au cimetière d’Oradour. J’ai récupéré des archives familiales sur la famille. N’hésite pas à me contacter …. Hugonnaudpierre@aol.com
Bonjour Pierrot,
Jean-Louis (Péjout), mon ami d’enfance d’Oradour, vient de me transférer ce bel article sur la R8 de mon grand oncle restaurée par son petit-fils, et donc mon petit cousin… La photo de magique R8 devant la Mairie est bouleversante… Jamais je n’aurais imaginé qu’une voiture soit aussi évocatrice des bonheurs de mon enfance, du parfum des vacances d’été chez ma grand-mère Madeleine. Je suis retournée à Oradour cet automne, à la Toussaint, avec ma maman, revu Terrier, Rodier, la Mairie et son maire… Le cimetière et nos morts. C’est R8 là, elle est terrible…
Lise, fille de Jean Beaulieu (décédé en 1988), fils de Madeleine, et cousin germain d’André et Clémence.
Lise, bien évidemment que je me souviens de toi. J’ai même appelé ma fille (32 ans) Lise ! Je me souviens très bien de ton papa Jean (le grand René) et de ta maman Régine ; et aussi de ma grande tante Madeleine et de mon arrière grand-mère « La Menie » Louise je crois … Je me souviens également de ses verres d’eau fraiche accompagnés de sirop de grenadine. Amoureux de belles automobiles anciennes, ton papa avait une Simca P60 Elysées. La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, ce fut pour les obsèques de mon grand-père en 1982 … tu avais un coupé Lancia bleu. J’ai aussi le souvenir des après-midis chez Paul Tromat (Popol) ainsi qu’à la piscine de Bellac. Oradour est pour moi le synonyme de bonheur, de tendresse et de mistrals gagnants chez la « Garétier » (pardon pour l’orthographe). Mon papa André est décédé en 2012 et maman Alice en 2013. Ils sont avec mon grand père et ma grand-mère Justine Henriette au cimetière d’Oradour. J’ai récupéré des archives familiales sur la famille. N’hésite pas à me contacter …. Hugonnaudpierre@aol.com
Bonjour Pierre
Je viens de trouver une R 8 Major de 1966 dans la ville de Poitiers .
Je vais la chercher le 08/08/de cette année , comme vous nous allons remonter par les routes Nationales et Départementales jusqu’à Bar le Duc un petit périple de 550 km environ .
Votre Nord et notre Lorraine n’étant pas très éloignée peut être auront nous la chance de nous rencontrer
alainespe55@orange.fr
bonjour pierre ,
j’ ai la méme de 64 aussi ,de famille et du pépé aussi , je suis admiratif …
il y a aussi sur ma r8 des raccords de peinture a faire ! ton carrossier les a fait en vernis mat ? et surtout , si tu pouvez me donner la référence des pneus que tu as fait poser , ils sont super et correspondent bien avec l’ année de la voiture !
merci de ces magnifique photos et de l’ avoir sauvé de l’oublie !
A te lire .et avec toutes mes amitiés
Bruno
Bonjour ,
J’ai la même de 1966 , je roule aussi régulièrement avec . Trouvé près de Poitiers il y a 3 mois .Je suis allé la chercher avec mon Epouse par le TGV moderne avec retour en Lorraine en ancienne . Depuis j’ai parcouru environ 2000 km promenade et quelques Rallye promenade avec notre club Carrossage Négatif
Je suis loin de regretter , car avant je roulé en Dauphine 1958 .
Cet hiver je vais lui refaire une beauté interne Sièges , Banquette , plage arrière .
A bientôt vous lire .
Alain .
bonjour pierre ,
j’ ai la méme de 64 aussi , et de mon grand père également , j’ ai deux questions ,
ton carrossier a fait les raccords en mat pour la peinture ?
et je voudrai bien que tu me dise la marque de tes pneus , qui vont très bien avec l’époque de la r8 merci pour ton aide présieuse a mes yeux !
BRUNO .
Bonjour à tous,
Et en 1968, elle coûtait combien en NF de l’époque cette Renault 8 major moteur 1 litre environ et avec ses 4 freins à disques, rares pour l’époque ?
A vous lire bientôt Francis
Bonjour. Le 15 mars 1964 à sa sortie de la succursale Renault d’ Angoulème, elle a coûté 8000 francs nouveaux à mon grand-père … une grosse somme pour l’époque !
Bonjour. Le 15 mars 1964 à sa sortie de la sucurssale d’Angoulème, elle a coûté 8000 nouveaux francs à mon grand-père … une grosse somme pour l’époque. Le SMIG horaire était de 1,9295 francs.
Bonjour. Le 15 mars 1964 à sa sortie de la succursale d’Angoulême, elle a coûté 8000 nouveaux francs à mon grand-père … une grosse somme pour l’époque. Le SMIG horaire était de 1,9295 francs.
Bonjour ,
Je suis une fan de cette voiture
Mon papa en a eu une et j’en ai gardé un très bon souvenir , que de km parcourus avec , depuis les vosges nous allions dans les Landes pour les vacances .
Merci pour votre beau récit sur la R8 Major
Bonjour, mes parents ont eu une R8 Major de 1965 à 1971 avec laquelle nous avons sillonné la France. C’est aussi la première voiture que j’ai conduite. J’aimerais bien en retrouver une, mais elles se font rares. Un petit détail, la cylindrée du moteur de la Major est de 1.108 cm3, 1.132 est le type de la voiture.
bonjour je restaure une r 8 de 1964 aujourdhui cétait la peinture 2 ans de restauration et le réve vas aboutir la semaine prochaine remontage elle a 56000 km origine couleur 626 interieur skail rouge frein revu amortisseur neuf rotules neuve pompe a eau neuve