ESSAI – La Renault Twingo RS revient avec un plumage au top

Souvenez-vous, en 1993… La Renault Twingo première du nom, c’était une seule finition, dépouillée, un seul moteur (1.2 55 ch) et un prix non négociable : 54.000 francs. Renault a vite revu sa copie, jusqu’à « normaliser » son offre, en 2007, avec la Twingo 2 équipée d’un moteur diesel, et, plus réjouissant, d’une variante sportive RS, de 133 chevaux. A l’heure du restylage, la deuxième génération gagne encore en nervosité. Sur le plan du style, tout du moins.

Renault Twingo RS

Il est foutu, le temps des voitures des copains. Celui des petites « GTI », des petites sportives pas chères et turbulentes, qui faisaient parler la poudre avec dfes petits moulins de 100 à 130 chevaux. Plus lourdes catalysées, plus confortables, les petites polyvalentes savent encore aligner la cavalerie, autour de 200 chevaux et  25.000 euros. On trouve quoi, dans la catégorie en-dessous ? La Renault Twingo RS, 133 chevaux, la Suzuki Swift Sport, 136 chevaux, ou la Fiat 500 Abarth, 135 chevaux. Le tout pour une addition comprise entre 16.900 et 18.800 €. C’est à peu près tout.

Dans cette meute très restreinte, Renault donne un coup de fouet à sa Twingo RS. Le restylage impose les nouveaux codes stylistiques déjà vus sur le reste de la gamme Twingo : calandre et feux à fond noir plus agressifs, losange agrandi, clignotants déportés et feux ronds additionnels, à cerclage noir laqué sur cette version. Le tout redonne de la personnalité à la Twingo. Le bouclier avant de la RS est redessiné, plus agressif lui aussi. Il intègre une « lame F1 ». Les élargisseurs d’ailes sont conservés ; le diffuseur arrière aussi. En revanche, un nouvel aileron fait son apparition, en même temps que le nouveau hayon boursouflé et les feux arrières dédoublés. Dotée de jantes alu de 16 pouces en série, la Twingo paraît encore plus méchante avec les jantes noires 17 pouces, en option (300 €) ou couplées avec le châssis Cup (450 €).

Renault Twingo RS

L’habitacle reprend aussi quelques couleurs, entre les laquages noirs (entourages d’aérateurs), blancs (commandes de ventilation) et les discrètes surpiqûres jaunes sur le volant en cuir perforé à jante épaisse, ou sur les sièges au maintien inchangé, toujours agréable. La sellerie gagne un garnissage cuir blanc et tissu. Ce sera sans doute très salissant, comme la partie blanche du cuir sur le haut de la  jante du volant, qui conserve un marquage (une surpiqûre) au niveau du « point zéro ». Le levier de vitesse gagne une boule en alu.

Renault Twingo RS

Renault accroche le regard, et aussi le porte-monnaie. Une Twingo RS standard vaut maintenant 16.900 €. C’est le même tarif qu’une Twingo 1.5 dCi 85 Gordini, plus clinquante et à peine mieux équipée. Mais c’est surtout 1.300 € d’augmentation, incompréhensible, depuis 2008. A cette époque-là, une Twingo RS (au look plus fade, certes) était vendue 15.600 €, avec un stage de pilotage vendu… 1 €. Imbattable en 2008, la Twingo RS ne fait plus figure de bonne affaire particulière. D’autant que la mécanique n’a pas évolué.  La RS reste fidèle au gros moteur 1.598 cm3 (né avec 90 chevaux sous le capot de la Mégane en 1995) gonflé à 133 chevaux. Un moulin à l’ancienne, pas downsizé pour deux sous, et sans turbo. Avec le restylage, la Twingo gagne en émissions de C02, qui plafonnent à 150 gr/km. Ce qui alourdit la facture finale de 200 € à cause du malus écologique. Mais bon, on n’achète pas une petite sportive pour s’offrir une conscience verte…

Autoroute, je te hais !

Renault Twingo RS

« Mais il est con, ce type, elle n’est pas faite pour l’autoroute, la Twingo RS !« , vous direz-vous. Vous aurez raison : une citadine, par définition, n’est pas faite pour limer du ruban noir. Et une sportive, ça préfère les petits virolos aux deux fois trois voies. Mais j’ai dû me fader cinquante bornes d’autoroute pour amener la Twingo sur sa terre d’adoption pour dix jours. Dans cette exercice, elle est à la peine, la Twingo RS ! Au moment de se lancer sur une voie d’accélération, de dépasser les camions ou les conducteurs du dimanche qui osent encore oeuvrer un mardi, ce n’est pas la santé du moteur qui est en cause. Les 133 chevaux sont largement suffisants pour ne pas souffrir du syndrome « Papa, il peut pas doubler ! » Le caractère linéaire du moteur laisse pourtant penser qu’on peut se faire distancer par une vulgaire caisse à mazout moderne.

L’horreur, dans cette Twingo RS, c’est le niveau sonore à vitesse stabilisée, et pas forcément élevée. A 130 km/h, en cinquième, le moteur tourne à un peu plus de 4.000 tr/mn. C’est ce régime de rotation élevé qui met à mal les efforts d’insonorisation. On cherche vainement la sixième, qui soulagerait les tympans, et abaisserait la consommation. Le gain en polyvalence serait énorme. Ce bruit envahissant, en l’état actuel des choses, c’est la meilleure arme anti-excès de vitesse. Abaisser sa vitesse à 120 km/h sera sans effet. A ces allures plus que raisonnables, la consommation moyenne s’élève à 7,2 l/100.

Renault Twingo RS

Avec les suspensions raffermies, le châssis Cup rabaissé, plus sportif, et les jantes de 17 pouces optionnelles, l’autoroute reste aussi un calvaire : les « rustines » qui rebouchent les dégâts, sont durement ressenties. Pas de souci, en revanche, sur la tenue de cap. La prise en main d’une Twingo RS est sereine. Maigre consolation.

Et si on forçait le rythme ?

Renault Twingo RS

Avec 133 chevaux pour 1049 kilos, un rapport poids/puissance honnête, ce serait une faute professionnelle de ne pas jouer avec la Twingo RS. Le look revu et (bien) corrigé respire la patate.Avec la carrosserie rouge vif, on sait à peu près à quoi on a affaire. Renault revendique, pour sa Twingo RS, 201 km/h en vitesse de pointe, et le 0 à 100 km/h en 8.7 secondes. Au premier coup de clé, la sonorité un peu travaillée met la puce à l’oreille. Elle est plus jolie à entendre à l’extérieur que dans l’habitacle, à l’univers sportif. Le compte-tours à fond blanc sera principalement le seul instrument de bord à surveiller.

Si une Twingo RS, c’est 133 chevaux pour 1049 kilos, c’est aussi un moteur ancien, et sans turbo. Pas d’effet coup de pied aux fesses, donc. Linéaire à bas régime, le moulin n’a rien d’une bête fougueuse. La Twingo a besoin d’être cravachée. Et même entre 4000 et 5000 tr/mn, quand le moteur se fait plus musical, les sensations restent relativement mesurées.  Il faut compter sur le châssis Cup raffermi et les jantes de 17 pouces pour flirter avec la sportivité. La Twingo, qui repose sur les bases d’une Clio 2 (qui a accepté sans broncher jusqu’à 182 chevaux) prend des allures de petit kart. Pourtant, sur route bosselée, elle donne l’impression de rebondir et de sautiller. Elle ne fait qu’épouser le terrain.

Renault Twingo RS

Agile et saine, pas piégeuse, la Twingo RS mériterait une direction plus directe, plus communicative… et un volant un peu moins grand. Le freinage, lui, ne révèle aucune faiblesse. Merci les disques ventilés de 280 à l’avant ! Les liaisons au sol sont, dans cet exercice, largement plus à la hauteur que le moteur. Nerveuse, mais pas rageuse, la Twingo RS remplit donc son office de joujou extra, performant, mais pas démoniaque. Une mécanique plus explosive ne mettrait pas mal à l’aise une Twingo bigrement saine. Et dire que ce n’est qu’une micro-citadine, qui croise d’habitude le fer avec la Peugeot 107, la Fiat Panda, la Kia Picanto ou la Volkswagen up!

Le jeu de l’éco-conduite

Renault Twingo RS

« Pour te faire pardonner tes péchés routiers, te voilà contraint à faire un trajet tout en souplesse et en économie. Ou je te condamne à trois mois de voiture sans permis » OK, coach, je m’offre une centaine de kilomètres d’éco-conduite en Twingo RS… Au menu du jour, environ 120 kilomètres d’un parcours qui alterne de la ville (un peu), des départementales (beaucoup) et des voies rapides, et quelques traversées de villages. Objectif : consommer le moins possible. Autrement dit, en ville, les rapports sont vites passés, pour arriver à 50 km/h en cinquième. Démarrages toniques prohibés, et décélérations progressives.

La souplesse du moteur met la Twingo RS à l’aise en toutes circonstances. Et la sonorité reste toujours plaisante. Sauf que le défaut repéré le premier jour, à savoir un bruit envahissant à vitesse stabilisée, se retrouve sur nos grands axes limités à 90 ou 110 km/h. Le régime moteur reste haut perché, et dégrade le bilan consommation, déjà pas exceptionnel au sortir de la ville. Peut-être les très grosses roues ajoutent-elles une résistance supplémentaire, qui se paye en décilitres de sans plomb.

Renault Twingo RS

Sur une première boucle « mixte » d’environ soixante kilomètres, la consommation moyenne s’élève à 6.9 l/100 km. Après une remise à zéro des compteurs, la boucle retour, un peu plus longue et toujours sans excès (de vitesse et d’impétuosité), fera afficher à l’ordinateur de bord 7 l/100 tout rond. En parcours strictement urbain, compter environ 8,5 l/100. Ce sont à peu près les valeurs d’un gros monospace compact gavé au gazole. Oui, ce n’est pas comparable, et alors ?

L’habitacle à la loupe

Renault Twingo RS

Le prix de la nouvelle Renault Twingo RS fait un bond en avant, et atteint 16.900 €. C’est 1.300 de plus que lors de la commercialisation de la version originelle. Si la partie technique n’a pas évolué, le client doit pouvoir s’y retrouver avec un équipement plus étoffé. Eh bien non ! Seule la décoration a évolué. Noir c’est noir ! Les sièges conservent le même design, agréable et très utile, mais le garnissage est aujourd’hui en cuir et en tissu. La partie cuir (les renforts latéraux) est de couleur blanche. C’est salissant, dans la mesure où cette surface est fréquemment « frottée » avec les vêtements. Sur notre Twingo affichant à peine 1.500 km, le bleu des jeans joue déjà les trouble-fête. Les sièges arrières ne sont pas traités totalement de la même manière que ceux de l’avant. Seules les parties latérales des appuie-têtes sont blanches. Dommage !

Renault Twingo RS

La planche de bord gagne des éléments laqués noirs (autour des aérateurs), et de nouveaux motifs en surface. Le design reste le même, la finition très correcte aussi. Toujours au niveau de la déco, le pédalier et le pommeau de levier de vitesses en alu sont du plus bel effet. Idem pour les surpiqûres jaunes, sur le volant, et la casquette d’instrumentation. Les commandes de ventilation (clim manuelle de série) passent au blanc. L’instrumentation reste aussi basique que sur d’autres d’Twingo. Hormis le compte-tours, il n’existe pas d’autres indications sur la santé de la mécanique qu’aimeraient connaître un pilote, même amateur. Celui-ci pourra se consoler avec un petit système de télémétrie embarqué, en option pour 250 €.

Renault Twingo RS

La banquette arrière est reconduite, et reste coulissante et rabattable, en porte-feuille contre les sièges avant. C’est très pratique, même si le système de « fixation » avec un extenseur semble d’un autre âge. La fâcherie vient plus tard, en constatant plusieurs mesquineries: les vitres électriques ne sont pas impulsionnelles, il n’existe aucun réglage en hauteur des ceintures de sécurité, et le frein à main aurait mérité un gainage en cuir. Aux abonnés absentes, aussi, les poignées de maintien, qui peuvent être bien utile au cours d’une petite virée sur circuit.

L’équipement reste honnête : clim manuelle, vitres (fixes à l’arrière) et rétros électriques, régulateur de vitesse, autoradio avec système Bluetooth et commandes au volant sont livrés de série.  Le toit ouvrant électrique est quant à lui facturé 700 € en supplément, et la clim régulée 400 €. Les citadins sportifs devront se passer de système de navigation intégrée, un détail qui commence à trahir l’âge de conception de la voiture. Malgré cette antériorité, la Twingo reste, dans cette catégorie, la sportive la plus fonctionnelle. A défaut d’être la plus joyeuse.

Toujours urbaine ?

Renault Twingo RS

La Twingo RS est parfaite en circulation urbaine. Même si les artifices aérodynamiques font grandir la RS d’un centimètre par rapport à ses petites soeurs classiques, le gabarit de 3,69 m ne pose pas de problèmes. Mais à force de grandir, miss Twingo RS atteint la taille d’une Renault Clio de 1990. En revanche, les jantes de 17 pouces sont une punition. Non seulement elles grèvent le confort, mais en plus, elles ne resteront pas intactes longtemps si la ville est leur quotidien. Elles débordent du pneu, dont le renfort ne fera pas le poids en frottant un trottoir. Ce confort médiocre dû à des choix de pneumatiques et de châssis radicaux, on le retrouve sur tous les types de revêtements, le long du trajet. Les bruits de roulement sont importants.

Mi-figue mi-raisin

Renault Twingo RS

Le récent restylage de la gamme Twingo sied à merveille avec cette déclinaison RS. Plus de nerfs, plus de caractère au niveau du design, ça donne déjà un peu plus envie de découvrir les entrailles de la bête.  Ce qu’il y a d’enthousiasmant, dans cette Twingo RS, c’est la partie roulante. Le châssis encaisse sans broncher les 133 chevaux, façon petit kart… aisément contrôlable. De quoi s’amuser sans perdre de vue les réalités de a conduite au quotidien, puisque la Twingo reste fonctionnelle et pratique. Avec le petit supplément d’âme offert par le style enjoué, et la sonorité piquante.

De bonnes dispositions douchées par un moteur qui aurait pu être un plus expressif, et surtout secondé par une boîte à six vitesses. Ainsi équipée, la Twingo RS gagnerait en polyvalence. Si le châssis Cup et les jantes de 17 pouces optimisent les capacités d’une Twingo RS poussée dans ses retranchements, ils n’ont rien à prouver en cas d’utilisation au quotidien, même dynamique. On nous rétorquera « qui peut le plus peut le moins », mais dans ce cas, il faudra composer avec un inconfort certain… et la vulnérabilité des jantes en ville. Avec les jantes 16 pouces originelles, la Twingo RS sera fera plus douce… et aussi plus discrète.

Renault Twingo RS

Quant au bilan financier, il reste favorable, malgré la grosse augmentation tarifaire. Pour 16.900 €, la Twingo a trouvé le bon compromis entre une déco suggestive, et un équipement honnête que l’on est en droit d’attendre d’une petite auto moderne, même si la jeune concurrence prend le large sur les aides électroniques en tout genre. Reste la gourmandise du moteur, qui va de pair avec son âge avancé.

Le bilan

Renault Twingo RS

Et l’émotion, dans tout ça ? Elle est bien présente, on vous rassure. La Twingo RS devient au fil de la cohabitation une petite auto très attachante. C’est l’une des rares citadines à s’offrir un costume de dévergondée. Rien que ça, ça mérite un peu de respect ! On se demande même si on ne finit pas par lui en demander un peu trop, à cette Twingo RS, plutôt mûre et bien solide pour la catégorie.

Renault Twingo RS

  • 16.900 euros
  • 1.598 cm3
  • 133 chevaux
  • Boîte 5 vitesses
  • Vitesse maxi : 201 km/h
  • 0 à 100 km/h en 8,7 secondes

Equipement de série

  • Jantes alu 16 pouces
  • Climatisation manuelle
  • Sellerie cuir/tissu
  • Vitres avant et rétros électriques
  • Banquette arrière coulissante
  • Volant cuir

Oh oui ! 

Look sympa, habilement revu
Tarif toujours compétitif
Châssis toujours d’actualité

Oh non !

Moteur dépassé, pas assez rageur et trop gourmand
Châssis Cup et jantes 17 pouces inconfortables

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3 réflexions sur “ESSAI – La Renault Twingo RS revient avec un plumage au top

  1. Voici une petite voiture gabarit citadine affichée clairement comme sportive mais le « journaliste » nous parle d’autoroute, de confort et de consommation. Une bonne partie de l’article est donc hors sujet !

    • Je trouve au contraire après essai de la gordini d’un ami que l’analyse est très juste.
      Pour rouler sur départementale sinueuse, la voiture est très amusante et efficace.
      En contrepartie, pour celui qui l’utiliserait en vehicule principal, elle est exagérement ferme en usage quotidien (je roule en 205 gti et j’ai été surpris à l’essai) et elle est effectivement bruyante à haut régime (comme toute sportive légère), ce qui est amusant sur route, beaucoup moins à haut régime stabilisé sur autoroute.
      Donc pour résumer: sportive = sans conteste
      Polyvalente = non

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