PAR BENOIT FAUCONNIER
Il y a dix ans apparaissait un engin totalement décalé dans la production automobile. La Renault Avantime, sorte de monospace coupé, considéré souvent comme un concept car produit en série. L’Amicale Avantime rend hommage à ce collector, produit à 8440 exemplaires en deux ans, en réunissant deux cent modèles le 3 septembre à l’autodrome de Montlhéry.
Pour certains, c’était les grandes années. Pour d’autres, le fond du trou. Au début des années 2000, chez Renault, le style est totalement décomplexé. Original à défaut de rallier tous les suffrages. La Laguna II transpose en série certains traits du concept Vel Satis de 1995. En 2002, la Mégane II expérimente la lunette arrière verticale. L’Espace IV quitte les chaînes de Matra, à Romorantin, pour Renault Sandouville, et rompt avec les rondeurs de son prédecesseur. Sans Espace, Matra se charge du développement et de la production de la curieuse Avantime.
Présentée d’abord sous forme de concept car très proche de la série, puis sous sa forme définitive en 2001, l’Avantime est une proposition unique dans l’univers du haut de gamme. Un coupé-monospace… Du jamais vu. Une personnalité tellement forte qu’elle marque le public, mais ne l’amène pas pour autant vers les showrooms Renault. Le Losange précipite la fin de l’aventure Avantime, au bout de deux ans, entraînant dans cette chute l’usine Matra de Romorantin, condamnée et fermée dans la foulée.
Seulement 8440 exemplaires de l’Avantime (8440 selon le musée Espace automobiles Matra, à Romorantin, et 8 552 d’après Matra) ont été fabriqués. De quoi faire de cette auto une légende, pour certains passionnés. Dont ceux de l’Amicale Avantime. Née sous forme de forum en 2005, pour organiser des sorties, et porter assistance aux propriétaires elle est devenue une association la même année. « L’Avantime déchaîne pas mal les passions« , justifie Antoine Franc, le président de l’Amicale Avantime. « L’an dernier, après l’assemblée générale, on s’est dit qu’il fallait marquer l’événement, les dix ans de la commercialisation de l’Avantime« . Rien n’est trop beau pour ce collector.
« Dès le concept car, j’ai aimé son look décalé. Je suis fan de design auto, raconte Antoine Franc. Et je suis tombé chez Renault étant petit. J’aime son côté OVNI. » En 2005, il se lance à la recherche de « son » Avantime : « J’en ai rêvé toutes les nuits. Il était impératif que j’en possède une. » Antoine Franc a « roulé différent » dans une Avantime 2.0 T Privilège de 2002, qui affiche aujourd’hui 180 000 km au compteur. Il a aussi acquis une Avantime 2.0 T à boîte automatique, pas immatriculée. « C’était un prototype de chez Matra, qui a servi pour la mise au point de la boîte et du moteur. Il a 12 000 kilomètres au compteur. Il est passé dans un lycée, mais les élèves n’y ont pas touché. »
Aujourd’hui, l’Avantime n’est pas une voiture de collection, au sens administratif et commun du terme, vu son jeune âge, mais s’en approche, dans l’esprit. Environ 6 000 Avantime seraient encore en circulation. Certaines affichent des kilométrages impressionnants, jusqu’à plus de 200 000 km. « La moitié a fini comme véhicule de service dans des entreprises« , pense savoir Antoine Franc, ardent défenseur d’une voiture encore incomprise.
« Aujourd’hui, les avis sont toujours assez partagés. Les gamins sont plus surpris. Les gens la confondent encore avec la Vel Satis… » Il y a dix ans, l’Avantime était une proposition pertinente ? « C’est vrai que pour 45 000 €, c’était cher en regard de la finition. Les matériaux ne sont pas tous en slush. Ca vieillit plus ou moins bien. C’est difficile de trouver une Avantime avec le toit ouvrant qui ne grince pas. » Le toit ouvrant, avec la fonction « Grand air », qui abaisse en même temps toutes les vitres, était une spécificité de l’Avantime. « On a l’impression d’être dans un cabriolet, c’est fantastique« , raconte Antoine Franc.
Si le temps s’y prête, le 3 septembre à Montlhéry, nul doute que les toits des Avantime seront ouverts. C’est à l’autodrome que le gâteau sera servi, et les bougies soufflées. Environ deux cents Avantime sont attendues. Des sessions de roulage sur le circuit de 3,4 km, en mode balade, ou run, seront possibles. Le public pourra assister à l’événement (site accessible de 10 h à 15 h 30), en sa qualité de « sympathisant » et en s’acquittant d’un droit d’entrée de 10 €.