PAR BENOÎT FAUCONNIER
Cinq ans de réflexion. C’est à peu près ce qui sépare la Citroën DS5 de sa « mère », le concept-car C-Sportlounge, dévoilé en septembre 2005, au salon de Francfort. Ses premiers pas sur les podiums, c’est en Chine que les aligne la « fille ». Au salon de Shanghai, plus précisément, vitrine du marché le plus prometteur dans le monde. Stature internationale, plus positionnement premium (dont sont friands les nouveaux riches chinois), c’est tout ce qu’il fallait à Citroën. Et surtout un « produit » qui attire les regards.
Avec la DS5, le contrat est en partie rempli. Le troisième opus de la ligne premium de Citroën est déjà dans les starting-blocks, alors que la DS4 n’est pas encore dans les rues. Plus les DS montent en gamme, plus elles s’affranchissent des codes de leurs segments respectifs. Et misent chacune sur un « gimmick » : l’aileron de requin, en guise de pied milieu, pour la DS3, les portes arrières camouflées et l’allure haute sur pattes de la DS4…
Pour la DS5, ce sera la lame de sabre, qui court des optiques avant jusqu’au rétroviseur, provoquant visuellement la coupure entre ailes et capot. Un détail intégralement repris de la C-Sportlounge, auquel s’ajoute la signature lumineuse des phares à leds.
Il n’y a pas que la lame de sabre, reprise du proto de Francfort. L’allure générale de crossover bas, le style global des feux arrières sont transposés en série. Pas vraiment monospace, pas tout à fait break, pas vraiment coupé…
La DS5 tourne aussi le dos aux berlines traditionnelles, et s’affranchit nettement de la C5. Deux visions du haut de gamme à la française, finalement. La C5 qui file plutôt habilement et classiquement le train de l’Audi A4, et la DS5 qui invente une autre manière de se différencier, de se pavaner dans le cuir et le high tech sans passer par la case 4X4 mal vu.
La DS5 répond aussi à la tendance qui veut que le luxe ne soit plus synonyme d’engin démesuré. Hormis la C6, le premium chez Citroën est concentré en 4,52 m. Une architecture semblable à celle du Peugeot 3008, lui aussi orienté premium décalé.
Comme le 3008, la DS5 sera une Sochalienne, et montre à Shanghai les mêmes entrailles hybrides. Un moteur HDI de 163 chevaux couplé à un moteur électrique de 37 chevaux, pour 99 gr/km d’émissions de CO2. Le premium ne doit pas être outrancier.
La DS5 White Pearl montrée à Shanghai a choisi d’en mettre plein la vue… dans l’habitacle. Comme dans la DS High Rider qui préfigurait la DS4, la sellerie cuir reprend le design dit du « Bracelet de montre ». Un effet tressé encore inédit.
La planche de bord, très inclinée, est prolongée par une console centrale parcourue de part et d’autres des commandes de lève-vitre, du frein de parking, des molettes du système de navigation. On ne parle pas là de vulgaires boutons. Mais de commandes paraissant sculptées.
Un peu plus torturé, le design des contreportes mêle plusieurs matériaux. Le volant perd de sa légendaire rondeur grâce au méplat prononcé, et là aussi, une cascade de matières différentes.
Côté nouvelles technologies, Citroën poursuit le développement de son système d’alerte de franchissement involontaire de ligne en le convertissant à la vidéo : une caméra est intégrée au rétroviseur intérieur. C’est cette caméra aussi qui déclenchera la commutation éventuelle des feux de route.
Déjà vus, l’affichage tête haute et le démarrage sans clé sont repris sur la DS5, dont l’offre en termes de motorisation n’a pas encore dévoilée (la commercialisation est prévue fin 2011 en Europe, et en 2012 en Chine).
La seule folie (à savoir un V6) devrait être alimentée en gazole, comme c’est le cas sur la C5. En essence, il faudra sans doute se passer de la sonorité d’un V6, pour goûter aux joies de 4 cylindres turbocompressés, optimisés et downsizés. Le premium ne doit pas être outrancier. On l’a déjà dit, non ?