Molex : un immonde bras d’honneur et puis s’en va

PAR BENOÎT FAUCONNIER

« Les cons ça ose tout et c’est à ça qu’on les reconnaît« . Saint Michel Audiard, priez pour les patrons de Molex… L’équipementier automobile américain vient de faire preuve d’un cynisme redoutable, et mieux, de « fister » son monde en annonçant chiffre d’affaires en hausse, bénéfices « record » et augmentation des dividendes versés aux actionnaires.

On est contents pour eux. Le hic, c’est qu’en Haute-Garonne, à Villemur-sur-Tarn, plus exactement, la nouvelle a du mal à passer. Molex disposait dans ce village d’une usine de connecteurs, fermée il y a un an et mettant sur le carreau 283 salariés. Ah, la crise, les difficultés financières…

Alors que le plan de sauvegarde de l’emploi suit son cours, cent quatre-vingt-huit anciens salariés indiquent, le 24 septembre 2010, déposer un dossier devant le conseil des prud’hommes, contestant la validité de leur licenciement. Une procédure qui fait peur.

Début 2010, le conseil des prud’hommes d’Arras allait dans le sens d’une soixantaine d’ex-salariés de la papeterie Stora Enso, à Corbehem (entre Arras et Douai), reconnaissant la non-validitié du motif économique de leur licenciement, et obligeant Stora Enso à leur verser des indemnités allant jusqu’à 150.000 euros par personne.

Dans le cas des Molex, à Villemur-sur-Tarn, la réaction de l’équipementier américain a été rapide : le 14 octobre, l’entreprise annonce qu’elle enclenche une liquidation judiciaire de sa filiale française, ce qui a pour conséquence l’arrêt du financement du plan social.

Pour dix-neuf des licenciés, Molex stoppe le paiement des salaires, des indemnités de congés, et met un terme au fonctionnement de la cellule de reclassement. Molex n’assume donc plus ses obligations, à hauteur de quatre à cinq millions d’euros, au nez et à la barbe des autorités françaises.

Comble du cynisme, Molex a annoncé un chiffre d’affaires de 897,7 millions de dollars, des bénéfices de 75,1 millions de dollars, et un dividende versé aux actionnaires en hausse de 14.8 %. Etonnant, non ? Cruel au plus au point, après avoir lourdé et méprisé 283 personnes.

Du genre voyous, les patrons de Molex ? Face à eux s’est mise en route la machine judiciaire et politique : Christian Estrosi, ministre délégué à l’Industrie, a demandé à Renault et PSA de stopper leurs relations commerciales avec Molex. Déclaration qui, bien entendu, ne sied guère aux patrons voyous, dénonçant une « approche agressive » de la France. C’est sûr qu’après un coup pareil, on leur doit bien tapis rouge et aides publiques, aux patrons de Molex. Parce qu’ils le valent bien.

Photo Dominique-Henri SIMON / MINEIE pour http://www.christian-estrosi.com

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