L’usine General Motors de Strasbourg reprise par… General Motors

PAR BENOÎT FAUCONNIER

Je t’aime, je ne t’aime plus, et finalement je t’aime encore un peu. La définition du périmètre de « New GM », le nouveau visage de General Motors, après sa quasi faillite, est quelque peu balbutiante.

La vente de la filiale européenne Opel a été pratiquement bouclée quand GM a finalement fait machine arrière, et décidé de conserver la marque au Blitz. La vente de Saab à Spyker était inespérée : GM n’avait qu’une idée en tête, faire mourir purement et simplement sa marque haut de gamme suédoise. Et ne parlons pas des parties immergées de l’iceberg.

L’usine General Motors de Strasbourg, qui produit 270.000 boîtes de vitesses automatiques par an pour son propre compte, et BMW, est de celles-ci. Elle est passée par la case « mise en vente », et a rejoint le giron de MLC, Motors Liquidation Company, chargée de céder les actifs dont General Motors voulait se séparer. Deux ans ont passé, sans que le moindre repreneur se manifeste.

Imaginons un instant l’état d’esprit des 1.150 salariés envahis par l’incertitude quant à leur avenir. Et General Motors, en juillet 2010, de s’intéresser de nouveau au cas de son usine strasbourgeoise. Jusqu’à « défier » les employés, mettant en contrepoids le sacrifice de quelques acquis contre le maintien du site, provisoire tout du moins.

Dans toute sa bonté, GM acceptait de réexaminer le cas de Strasbourg, mettant cette usine en compétition, niveau coût de main d’oeuvre, avec une usine mexicaine.

En clair, les employés eux-mêmes ont été invités, le 19 juillet 2010, à se prononcer par référendum sur un plan de reprise. Inédit. Ou les salariés acceptent de renoncer à un bon tiers de leurs jours de RTT, à de l’intéressement pendant trois ans, et à un gel des salaires pendant deux ans contre le maintien des effectifs et un carnet de commandes garni jusqu’en 2014, où le processus de vente de l’usine continue.

Fallait-il s’attendre à un hara-kiri collectif ? Non, pour sûr, malgré ce que beaucoup ont dû considérer, intérieurement, comme un honteux chantage à l’emploi. Diantre non, d’après GM, pour qui la bataille de la compétitivitié passe par ce genre de cas de conscience.

Verdict : un peu plus de 70 % des salariés votants se déclarent pour ce plan. Le hic, c’est que GM exige l’approbation et la signature du plan à l’unanimité des organisations syndicales. Mais la CGT refuse tout compromis.

Le 28 juillet, de nouvelles négociations sont menées avec la CGT, et aboutissent à une sortie de crise : la CGT ne signe toujours pas l’accord, mais s’engage à ne as contester la mise en oeuvre du plan ni son contenu jusqu’en 2013. GM, pour sa part, renonce à l’unanimité des quatre syndicats.

Alors que la décision définitive de General Motors de reprendre ou non l’usine de Strasbourg n’était pas attendue avant la fin du mois d’août, elle est tombée le 6 : OK pour la reprise (à l’euro symbolique). Après tout, toutes les conditions étaient réunies pour avaliser le retour de l’usine de Strasbourg dans le giron de General Motors Company, alias la « New GM ».

La reprise sera toutefois entérinée (ou non) en septembre : la cour des faillites de New York doit se prononcer sur ce dossier. Les salariés, eux, auraient, dans le cas d’une issue positive, le sentiment d’avoir obtenu un peu de répit. Et de contribuer à l’effort de guerre. Tant que GM, qui a eu la main, ne demande pas le bras de chaque salarié…

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