Londres, ses taxis, The Chemical Brothers, et ce qu’il reste des brit cars……

PAR BENOÎT FAUCONNIER

Ils ont les Beatles, Benny Hill, les Sex Pistols, Radiohead, une famille royale inutile, Hugh Grant, Kate Moss et Mister Bean. Ils ont aussi une bouffe abominable, une capitale architecturalement décomplexée, les Monty Python, le plus vieux métro du monde et une industrie automobile en pleine forme… mais pas sous couvert de l’Union Jack. Ils sont sacrément fortiches, ces Anglais… 

Pourquoi causer ici de ceux qui ont eu la peau de la pucelle d’Orléans et qui ont renâclé à la construction du tunnel sous la Manche ? Après tout, ils roulent à gauche (pas si difficile). Du coup, les boîtes de vitesses changent de disposition (ça craque un peu au début), la vitesse est limitée à 120 km/h sur les autoroutes, le centre de Londres est ceinturé par un péage urbain (Congestion charge) et les non-payeurs sont scrutés par un réseau de caméras qui lisent les plaques d’immatriculation.

Bonjour l’ambiance. Nos Opel s’appellent Vauxhall, là-bas, et les sirènes des ambulances et des voitures de police feraient passer les deux tons françaises pour de douces berceuses.

Finalement, a contrario, pourquoi ne pas causer de la Perfide Albion dans ce blog ? L’occasion a fait le larron. En l’occurrence l’envie de se remettre dans les écoutilles un bon concert de The Chemical Brothers, quelques semaines avant la sortie en France de leur dernier album, Further.

Ce n’est peut-être pas, ici, l’endroit de rappeler que le duo génial composé de Tom Rowlands – Ed Simons, né à Manchester en 1989, reste l’ultime référence de l’électro, une quasi légende vivante qui a sérieusement secoué dans les années 90 les clubs anglais, et tous les autres de la planète à coup de techno/rock/punk/big beat/underground.

Des pionniers restés maîtres de la discipline qui ont aussi bâti leur notoriété sur des clips conçus comme de petits bijoux de cinéma avant-gardiste. A l’image du titre Believe, publié en 2005 sur l’album Push the button. On y trouve un personnage totalement obsédé et harcelé par l’un des robots de l’usine où il bosse : MG-Rover à Longbridge, près de Birmingham. Une occasion de voir « tourner » brièvement Longbridge et l’usine de montage de la Rover 75.

Le clip (à voir en cliquant ici) a été tourné quelques mois (semaines ?) avant la fermeture de l’usine, consécutive à la mise en faillite de Rover.

Longbridge a longtemps été le coeur de l’industrie automobile britannique. C’est là qu’est née la Mini originelle, en 1959. Elle y a été construite jusqu’en 2000. Rover est repris en 1994 par BMW, qui ne parvient pas à remettre Rover à flot.

En 2000, la « galaxie » Rover est morcelée. BMW conserve la marque Mini, mais cède Rover à Phoenix, une alliance d’anciens dirigeants de la marque. Ils tiennent cinq ans. La mise en faillite de Rover est prononcée le 15 avril 2005. La dernière voiture à être produite à Longbridge est une Rover 75, aujourd’hui conservée au British Motor Industry Heritage Trust, à Gaydon, dans le Warwickshire.

En juillet 2005, les actifs de Rover sont revendus à Nanjing, un constructeur chinois, avalé en 2007 par un autre chinois, SAIC. L’outillage de production de la Rover 75 file en Chine (on parle de 400 containers nécessaires). Restent à Longbridge les chaînes de montage du petit et vieillissant roadster MGF.

Mille des cinq mille salariés sont conservés, pour une re-fabrication d’une auto baptisée MG TF et à peine restylée, célébrée en grandes pompes en 2008. Destinée aux marchés européens, elle est restée cantonnée à une diffusion confidentielle au Royaume-Uni. Pour le reste, l’avenir de Longbridge est conditionné à la présentation et à la commercialisation en Europe d’une MG6.

L’épisode MG-Rover, c’est l’aboutissement qui a vu s’échapper un à un les bijoux de la couronne : Jaguar, repris par Ford en 1990, a été revendu en 2008 à l’Indien Tata Motors, en même temps que Land Rover (qui fabrique les Range, les Discovery et les Defender), lui aussi ex-Ford. Bentley a été repris par Volkswagen en 1998, avec une certaine réussite nommée Continental depuis 2004. Rolls-Royce est passé sous pavillon allemand la même année.

Et Aston Martin ? Repris en mars 2007 par deux fonds d’investissement, Investment Dar et Adeem Investment, sous l’impulsion de David Richards. L’honneur est sauf : le Royaume-Uni reste le berceau de ces autos so british : Crewe, Gaydon, Goodwood, Birmingham hébergent respectivement Aston Martin, Bentley, Rolls-Royce, Jaguar (qui a quitté son site historique de Coventry en 2004). Même la Mini est anglaise par essence, puisqu’elle sort des usines d’Oxford (la ville qui a vu naître… Radiohead).

Restent des cas particuliers : Morgan, version PME, en bonne santé, qui produit toujours ses indémodables cabriolets dans le plus pur style années 30, et LTI (London taxis international), seul constructeur des célèbres Cabs, à Coventry, né de la reprise de Carbodies en 1973 et de Mann&Overton en 1984 par Manganese Bronze Holdings.

Cent mille taxis dits « londoniens » ont été produits depuis 1948. Crise lèse-majesté ou pas, LTI a trouvé un accord en 2007 avec le Chinois Geely pour construire son dernier né, le TX4, à Shangai… à destination des marchés asiatiques. Vraiment fortiches, les Anglais…

Le bonus THIS IS NOT A METHOD : Un aperçu du concert de The Chemical Brothers, à Roundhouse (Camden) à Londres, le 23 mai 2010… Enjoy !

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