Toujours pas de bouée de sauvetage satisfaisante pour Heuliez

PAR BENOÎT FAUCONNIER

Qu’elle semble lointaine, l’image d’un Alphan Manas, présent sur le stand Heuliez, au salon de Genève, posant fièrement à côté de la Mia électrique, un pin’s des drapeaux français et turc accroché à la veste. La scène date de moins d’un mois. C’était le 3 mars.

L’homme d’affaires turc s’était alors avancé comme le repreneur d’Heuliez, au bord du dépôt de bilan, sur le sellette après l’incapacité de Bernard Krief Consulting d’honorer sa propre offre de reprise. Espoir une nouvelle fois de courte durée, après la déconvenue BKC : le vent a comencé à tourner mi-mars quand Alphan Manas avait décidé de reporter au 31 mars sa décision définitive d’entrer ou non au capital d’Heuliez, signant seulement un protocole d’accord, et renonçant du même coup au caractère exclusif des négociations. Quinze long jours pour les 600 salariés du carrossier-constructeur.

Un insoutenable tord-boyau qui aboutit à une demi-déception. Alphan Manas a confirmé dans la journée vouloi entrer dans le capital d’Heuliez… à hauteur de 15 %. « Insuffisant« , d’après le ministre délégué à l’Industrie, Christian Estrosi, pour assurer la pérennité de l’entreprise. « Il faut qu’il y ait un industriel qui aille plus loin que les 15 % d’Alphan Manas« , a déclaré le ministre sur France Info.

A Bercy, il se murmure que des candidats français, allemand et américain seraient sur les rangs, pour renflouer Heuliez aux côtés d’Alphan Manas, qui a émis une offre adossée à la participation de deux autres sociétés turques : l’une spécalisée dans les batteries, l’autre dans les composantes en plastique.

Outre les 15 % de participation dans le capital d’Heuliez (10 millions d’euros apportés) Manas rachèterait la marque Mia, nom de baptême de la petite voiture électrique développée à Cerizay.

Dernier détail, et pas des moindres, la production de la Mia reste à Cerizay. Une bonne nouvelle à mettre en perspective avec les autres termes connus de l’offre, qui vont dans le sens d’un développement à terme de la production d’autres voitures électriques, mais pas forcément dans les Deux-Sèvres.

En étant propriétaire d’une marque, et en disposant dans sa besace d’un fabricant de batteries et de composantes en plastique, qu’est-ce qui empêcherait Alphan Manas de faire d’Heuliez, à Cerizay, une coquille vide ?

D’autant que Manas ne fait pas mystère de sa volonté de dessiner et de concevoir des modèles électriques, autres que la Mia, en Turquie. Perspective alarmiste, certes. Mais les Heuliez ont appris à être prudents et à ne plus s’enflammer quant à leur avenir, même à moyen et long terme.

Si le fonds stratégique d’investissement et le conseil régional de Poitou-Charentes restent en embuscade, prêts à dégainer respectivement 10 et 5 millions d’euros, plus aucune date n’est avancée pour être fixé sur le sort d’Heuliez. Les dossiers des autres candidats à la reprise d’Heuliez seraient à l’étude, à Bercy. A défaut, le dépôt de bilan guette.

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