Le destin de Volvo dans les mains de Geely

PAR BENOÎT FAUCONNIER

C’est officiel  et définitif depuis dimanche. Volvo est passé entre les mains de Geely. Ce qui n’en fait pas pour autant un constructeur chinois.

Affirmer le contraire serait de la pure mauvaise foi dans le sens où, durant ses onze années de présence dans le giron de Ford, Volvo n’a jamais été considéré comme Américain, mais toujours Suédois.

Reste que cette acquisition de Volvo par Geely reste la plus importante opération menée par un constructeur chinois.  Une page se tourne, dans la stratégie de conquête du monde automobile par les Chinois.

Geely, qui fabrique 300.000 voitures bas de gamme par an, ambitionne, avec l’aide de son jeune protégé, d’en vendre deux millions dans le monde à l’horizon 2015 : un million en Chine, et l’autre million partout ailleurs.

En s’offrant Volvo pour 1.8 milliards de dollars (1.34 miliards d’euros) Geely met la main sur des standards technologiques occidentaux, une image premium, un réseau commercial et des usines (en Belgique et en Suède). Une petite porte ouverte sur les marchés que convoitent les Chinois depuis plusieurs années, sans parvenir à y mettre massivement les roues.

La stratégie change, donc : au lieu de plagier purement et simplement des modèles occidentaux, comme le font d’autres constructeurs chinois, Geely entend  capitaliser sur les acquis de Volvo. Et s’offrir, de fait, un nivellement technologique par le haut, et une crédibilité qui auraient nécessité au moins dix ans de présence en Europe.

Gain de temps, et gain d’argent aussi, l’acquisition de Volvo par Geely sonne aussi comme un nouvel épisode dans la redistribution des cartes sur l’échiquier mondial.

Les « vieux » Américains tentent de relever la tête : Ford s’est séparé de ses marques de luxe (Jaguar, Aston Martin, Land Rover, et aujourd’hui Volvo, contre 1.8 milliards de dollars, alors qu’il  l’avait racheté 6.4 milliards en 1999). GM se débat dans ne restructuration (cession de Saab, fermetures de Pontiac et Saturn, réorganisation d’Opel).

Geely, lui, apparaît comme un conquérant : premier signe tangible de la puissance chinoise ? Les constructeurs coréens, eux, ont mis plus de vingt ans avant de proposer des alternatives crédibles face aux productions occidentales. Mais les Chinois apprennent vite. Très vite. Et avec des capacités financières apparemment à même d’inciter encore les constructeurs occidentaux à fortifier leurs fondations.

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