PAR BENOÎT FAUCONNIER
C’est officiel depuis le 1er mars : la Renault R30, qui courra la saison 2010 du championnat du monde de Formule 1, portera sur son châssis non seulement le losange de la maison mère, mais aussi le logo… Lada.
Renault F1 Team a le culot d’appeler ça un « partenariat ». Diable, nous ont-ils mis le fabuleux 1.690 cm3 de 81 chevaux de la Lada Niva 4X4 devant l’aileron de la monoplace R30 ? Que nenni, heureusement…
L’arrivée de Lada sur le fuselage de la R30 est la conséquence indirecte d’une affaire de gros sous. Quand, fin 2009, Renault F1 Team perd deux gros sponsors (dont ING) et que Carlos Ghosn refuse d’alimenter la pompe pour la soif de l’écurie de F1, c’est l’option du rachat partiel de l’équipe qui a prévalu.
Le fonds d’investissement luxembourgeois Genii Capital a mis le nez dans les ateliers de Renault F1. Et Gérard Lopez, le président de Renault F1 Team et partie prenante dans le fonds, d’expliquer que « Nous avons investi de manière dynamique en Russie ces dernières années. Nous connaissons bien ce pays que nous respectons beaucoup. C’est donc un honneur pour notre équipe de F1 d’être le fer de lance de la Formule 1 en Russie et d’emmener la marque Lada dans la discipline reine du sport automobile. Nous nous réjouissons de vivre ensemble une saison remplie de succès. »
Il aurait dû faire carrière dans la diplomatie, le bonhomme…
De là à penser que l’apposition du nom de Lada soutiendrait les intérêts de l’actionnaire principal sur les marchés russes, il n’y a qu’un pas qu’on franchira peut-être.
L’opération tombe plutôt bien, dans la mesure où, pour la première fois de l’histoire de la F1, un pilote russe s’installera dans un baquet de F1. L’heureux élu ? Vitaly Petrov, 25 ans, qui aura lui aussi le privilège de porter le nom de Lada sur sa combinaison. L’homme a gagné son volant, non seulement grâce à son parcours en GP2 Series, mais aussi grâce à une mallette remplie de sponsors.
Pour couronner le tout, et c’est bien là le principal, l’accord entre Renault F1 Team et Lada a reçu le « soutien public » de Vladimir Poutine, le Premier ministre russe himself. De là à dire qu’il y a bien un lien quelque part, et que l’affaireprend pas une tournure politico-économique, il y a un second pas qu’on franchira… peut-être.

Après tout, c’est le même Vladimir Poutine qui avait menacé fin 2009 Renault, propriétaire de 25 % d’Avtovaz, le constructeur des Lada, de diluer sa part dans le capital si le Français ne mettait pas la main à la poche pour renflouer la firme en perdition, en participant à une augmentation de capital.
Finalement, ce sont les autorités russes qui avaient contribué à l’augmentation de capital, pour 1,67 milliards d’euros, quand Renault avait consenti un effort valorisé à 240 millions, se traduisant en apport de technologie, savoir-faire, équipements et machines.
Tout est bien qui finit donc bien : la firme Lada sera présente sur les circuits, et s’offira une notoriété mondiale sur un secteur high tech pas vraiment en rapport avec la réputation actuelle de la marque. Comme l’a dit le regretté André Pousse, « C’est pas parce qu’y a écrit couvent de bonnes soeurs sur une porte de chiottes que c’en est. »
PHOTOS RENAULT F1 TEAM